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Critique de daniel_dz


Cette monographie est une adaptation de la dissertation doctorale intitulée « L'État indépendant du Congo et Léopold II (1876-1906) : étude sur le paradoxe de la gouvernance léopoldienne », que son auteur a présentée en 2015 à l'Université de Louvain. Ce paradoxe est celui qui est engendré par les deux forces antagonistes qui modèlent la gouvernance de l'Etat indépendant du Congo de Léopold II: d'une part une mission civilisatrice et d'autre part une exigence de rentabilité de la production de caoutchouc.

L'origine de la colonisation du Congo et les motivations de Léopold II est un sujet qui m'intéresse en dilettante depuis longtemps. Pour l'instant, notre ancienne colonie est sous les feux de l'actualité belge à l'occasion du mouvement anti-raciste faisant suite à la mort de George Floyd, qui a mené au saccage de statues de Léopold II, mouvement amplifié chez nous par la célébration du 60e anniversaire de l'indépendance du Congo. Dans ce contexte, le sous-titre « L'action royale face à la violence coloniale » m'avait particulièrement attiré.

L'auteur a structuré son ouvrage de la manière suivante. le premier chapitre présente l'origine et la fondation de l'Etat indépendant du Congo. Les deux chapitres suivant décrivent l'organisation du gouvernement congolais à Bruxelles et l'administration léopoldienne au Congo. Ensuite, une deuxième partie de trois chapitres se consacre aux critiques qui ont commencé à surgir (le « red rubber »), aux campagnes anticongolaises et finalement aux commissions d'enquête et de réforme qui ont fait suite au rapport d'enquête du consul Casement.

L'étude est fouillée, bien documentée et justifiée, ce qui n'est pas surprenant si elle a été effectuée pour préparer un doctorat. le texte est clair et quelques anecdotes augmentent encore l'agrément de lecture. Néanmoins, malgré qu'il s'agisse d'une adaptation du texte présenté à un jury de doctorat et non pas du texte original, je l'ai trouvé encore trop académique. Je veux dire que si, comme je l'ai fait, on le lit sans prendre de notes, on risque de terminer la lecture sans avoir en tête une synthèse claire des informations que l'on a accumulées. Je serais de mauvaise fois en reprochant à l'auteur de n'avoir pas pu s'adapter à ma paresse mais je regrette tout de même que l'auteur n'ait pas jugé utile d'annexer une chronologie des événements à côté de son annexe reprenant un paragraphe biographique pour chacun des principaux protagoniste. J'aurais également apprécié que l'auteur émette quelques jugements personnels ou quelques intuitions qu'il aurait pu développer à propos de la personnalité de Léopold II et de ses motivations.

Car finalement, d'après ce que j'ai lu récemment, on n'en a pas fini d'exploiter les archives pour comprendre ce qui s'est réellement passé. Des violences ont eu lieu, c'est indéniable. Mais comme le déclarait récemment notre Prince Laurent: « Comment Léopold II aurait-il pu faire du mal aux Africains: il n'a jamais mis les pieds au Congo ! ». A-t-il ordonné des violences ? Probablement pas. A-t-il veillé à les faire cesser dès qu'il en avait été informé, en se préoccupant de la réelle mise en oeuvre de ses ordres ? Ce n'est pas si clair. Et cet aspect le préoccupait-il sincèrement, ou uniquement parce qu'il ternissait la mission civilisatrice qu'il avait vendue à ses investisseurs ? On n'a pas fini d'en discuter. Pierre-Luc Plasman a fort bien mis en évidence le paradoxe léopoldien, mais quant à « l'action royale face à la violence coloniale », j'avoue que je reste sur ma faim. J'attends impatiemment d'autres études.
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