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Critique de PatrickCasimir


Plutarque est ce philosophe grec dont on ne sait pas grand chose, sinon qu'il est né à Chéronée en Béotie vers 46 et mort vers 125, à Delphe. Il apparaît comme le représentant par excellence de l'atticisme, c'est-à-dire du beau langage classique d'Attique, c'est-à-dire d'Athène. Ironie du sort il est né dans le koinon de Béotie, alors que le béotien au sens figuré du terme, est plutôt à l'opposé de l'être ouvert et cultivé ; ça c'est pour l'anecdote et c'est peu important.

Plutarque a beaucoup écrit et, pour ma part, j'ai toujours aimé ce que j'en ai lu. Dernier en date, "L'ami véritable", traduit du latin et présenté par Danièle Robert qui regroupe en réalité 4 petits traités, le tout correspondant à un ouvrage de presque 200 pages de la belle collection Arléa.

Ces quatre traités sont les suivants :
I. Avoir beaucoup d'amis : ce n'est pas nécessairement une bonne chose, et le philosophe nous invite à préférer la qualité à la quantité. On croirait lire Montaigne qui aimait beaucoup Plutarque. " Concevoir l'ami comme un autre soi-même, l'appeler hétairos (compagnon) , pour dire hétéros (l'autre - de deux), qu'est-ce donc, sinon faire du deux, la mesure de l'amitié ?"

"Avec peu de pièces de monnaie on n'aura pas beaucoup d'esclaves. D'amis non plus."

Voilà, tout est dit, la maison opulente attire une foule de gens qui se disent vos amis. Vienne le malheur, la foule disparaît. Et puis, il est impossible d'aimer tant de gens à la fois ; les relations seront toujours superficielles, elles n'ont pas le temps de se cristalliser, comme lorsque l'on cultive une intimité qui permet d'apprendre à se bien connaître, à s'aimer, à se réconforter dans la peine. "On admet pour ami quelqu'un qu'on a jugé digne de l'être, on prend plaisir à sa présence, on fait appel à lui quand on en a besoin." L'amitié authentique repose sur trois choses selon Plutarque : la vertu, l'intimité, l'habitude de vivre ensemble. Trois choses absolument incompatibles avec la multiplicité des amis.

II. Ne pas confondre le flatteur et l'ami. Ce second traité enseigne les moyens de démasquer le faux ami, le flatteur qui incline toujours dans le même sens que vous, vous conforte dans vos travers et les imite même.

Le flatteur, à l'inverse de l'ami véritable, ne cherche pas à vous protéger contre vous même, n'use pas du franc-parler pour vous aider à ne pas vous fourvoyer dans une direction, dans une action qui pourrait vous être dommageable.

Le franc-parler, voilà ce qui distingue l'ami du flatteur. Mais attention, le franc-parler doit répondre à certains critères. Il ne doit pas s'exprimer à contre-temps, ni humilier l'ami. Il intervient dans la discrétion, il doit correspondre à une critique constructive, bienveillante, pour faire progresser l'ami, ou le protéger.

III. Tirer profit de ses ennemis. Il s'agit, en observant bien ses ennemis, de ne pas leur donner occasion de nous prendre en défaut, en raison de nos faiblesses. Au contraire, il ne faut pas imiter l'ennemi qui use de la jalousie, de l'envie, pour nous faire du tort auprès des autres. Nous devons avoir un comportement plus élevé que celui qui nous envie. D'un autre côté, les vertus de nos ennemis doivent être reconnues, par nous. Au fond, à l'instar du Christ, il faut avoir de la considération pour ses ennemis. Ce traité se résume à cela , en définitive.

IV. Ecouter. Ce texte est de loin mon préféré ; les débatteurs, animateurs et autres journalistes de TV devraient le lire et s'en inspirer. Il nous enseigne, la modestie, l'humilité de l'élève à l'égard de l'enseignant, le respect. Plutarque n'aime pas les sophistes, et cela se voit. Il n'aime pas les pseudo philosophes qui s'écoutent parler, ni les élèves qui pensent tout savoir alors qu'ils en sont à la nourriture pour nourrisson. L'écoute doit donc être attentive, le silence est son allié, la bienveillance et le respect également.
Il faut laisser parler l'autre, ne pas le gêner par des interruptions intempestives, mais porter la contradiction de manière positive, avec douceur...
L'élève doit aussi, bien, entendu, respecter l'autorité du maître.

Quelle régression ! depuis les philosophes grecs !!!

Pat.

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