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Critique de Shaynning


Incontournable Album Janvier 2024




D'un simple coup d'oeil, on peut être charmé par ce magnifique album jeunesse, dont le sympathique binôme Pog et Léon nous ont déjà produit un livre dans un cadre similaire: Zhinü, dont le ballet des ombres aborde l'importance de la complémentarité, de l'apprivoisement des peurs infantiles et de l'importance de l'imaginaire dans les vie des enfants. Tout comme ce dernier, on joue avec la lumière et les créatures surnaturelles, dans le cadre enchanteur de l'Opéra de Paris.


La petite Jeanne s'apprête à monter dans un bus, direction l'Opéra de Paris. le poinçonneurs chargé de valider sont ticket ne voulait pas le croire, mais Jeanne vit entre les murs de l'Opéra, car son père y est concierge. Dans le joyeux brouhaha urbain, Jeanne rentre chez elle, où l'attend un chat espiègle, Pantoufle, et un papa à l'humeur bien morose. Heureusement, quand il n'est pas sur ses pointes, son meilleur ami Paul est une oreille attentive. Sur les toits de l'Opéra, il lui partage ses espoirs malgré son trac, tandis qu'elle lui partage ses airs de saxophones, dont le très américain blues. Un jour, une pluie s'abat sur la ville, un orage gronde et un éclair s'abat sur la cheminée du logis de Jeanne. le lendemain, Jeanne découvre que la plaque de la cheminée est fendue et dans le trou se cache deux amphores , l'un contenant un un gramophone superbe, qui a l'étonnante singularité de faire jouer les pistes à l'envers, et l'autre des disques . Croyant le gramophone cassé, elle propose à Paul D écouter les disques sur celui de son père. Paul ne peut hélas pas rester avec Jeanne pour les écouter, une répétition l'attend. Jeanne entame une première lecture, celle de Carmen, de Goerge Bizet. Sans la voir, un fantôme de Carmen émerge du gramophone. Et chaque nouveau disque laisse émerger une nouvelle entité, dont les formes fantomatiques investissent bientôt tout l'Opéra...




Attention, entre deux entrechats, il y a aura des divulgâches.




Ainsi prennent vie Turandot, Carmen, les personnages de la "flûte enchantée", le dragon de "L'anneau du Nibelung", les artistes de "La Bohème", Figaro dit "Le barbier de Séville", Davy Jones le capitaine du Hollandais volant et bien d"autres. S'ils effraient d'abord les deux enfants, ceux-ci doivent faire face à la musique. Heureusement, Jeanne découvre dans l'une des pochette une coupure du journal "Le Petit rapporteur" sur laquelle se trouve la fonction du gramophone inversé: Il s'agit d'une machine qui permet d'enregistrer l'âme des opéras. Jeanne sort de sa lecture avec une idée. Elle fera jouer le gramophone à l'envers pour capturer les fantômes! Bientôt, les deux enfants se transforment en chasseurs de spectre à travers tout l'Opéra, avec pour dernière capture celle de Carmen. Mais la disparition des fantômes rend l'Opéra soudain bien tranquille et les enfants se demandent s'ils n'ont pas fait une erreur...Une semaine plus tard, il est temps pour Paul de monter sur scène, mais le mécanisme de la plate-forme sur laquelle il est supposé se faire hisser sur scène est grippé. Lorsque le fantôme du Capitaine du Hollandais volant vient défaire le noeud qui bloquait le mécanisme, Paul se retrouve alors propulser en pleine lumière. le trac le gagne. D'un coup, tous les fantômes de l'Opéra viennent lui insuffler du courage. Comment? les fantômes? Et oui, comme nous le révèle Pantoufle le chat, les enfants ont changé d'avis et fait réintégrer les âmes des personnages au sein de l'Opéra.


"La magie n'est pas faite pour dormir derrière une cheminée, mais bel et bien pour nous émerveiller!" ajoute-t-il.


Sur scène, Paul vit sa prestation et son coeur, ainsi que celui du public, des rats, des fantômes battent à l'unisson. Jeanne se joint à l'ovation et au triomphe de son ami.


Rideau!


Que dire, sinon que c'est magnifique. Il se dégage de cet album une grande chaleur, un effet d'autant plus perceptible par le choix de couleurs de la palette de l'album. Alors que "Zhinü" était un heureux mariage du mauve, du rose et du noir, "Les fantômes de l'Opéra" est une ode aux couleurs chaudes, du brun onctueux au délicat blanc jaunit. Certaines scènes plus "tristes' sont restées lavande et grises, mais restent dans les tons chauds. Les détails sont époustouflants, rondelets et mignons, véritable éventail d'angles et de lieux. Certaines scènes sont très chargées, mais sans lourdeur et pleine de fantaisie. Il se dégage de tout ça quelque chose d'heureux, d'artistique et bien sur, de magique. Il y a une double page en pleins centre qu'on déploie et qui laisse exploser les fantômes en pleine incursion dans l'Opéra.




Je suis évidemment ravie de voir ces trois jeunes garçons danseurs de ballet, dont Paul tient la vedette avec grâce. On y verra quelques filles aussi, mais quand a-t-on la chance de voir les garçons? Ils ne sont certainement pas dénués de talent, au contraire, alors ils devraient être bien plus présents en littérature jeunesse. Jeanne, en protagoniste, à le rôle de la meneuse, de la courageuse et de la musicienne. J'adore qu'elle ait un saxophone et s'essaie au blues. Et vous ne la verrez pas en robe, mais en pantalon taille haute à rayure. Pantoufle aussi détonne avec son tutu, sa petite moustache grise et ses mini-chaussons roses. Et que dire de tout le travail des costumes des personnages, nombreux, de formes variés, presque tous des références au monde du ballet.




L'émancipation de l'imaginaire, l'importance du rêve et la magie à travers les arts sont autant de thèmes présents ici. Les arts ont la même magie les uns les autres qui font rêver les gens, bousculent les conventions, se rit des rigidités ou encore donne vie à toute une palette d'émotion. Cette "résonance" avec les gens, qui en connait ni frontières ni limites, est un point commun à travers le monde et à travers le temps. La danse, les pièces, le chant, les arts plastiques, tous sont importants. À travers eux, c'est une culture qui s"exprime, des histoires qui ne sombrent pas l'oublie, des thèmes complexes qui sont vulgarisés et des moments de partage entre les gens. On ne répétera jamais assez combien les arts sont importants dans une société, que ce soit pour la santé mentale, la cohésion sociale ou encore le développement culturel. Les arts ont leur "magie", une magie qui nécessite d'être partagée et qu'on doit vivre pour la comprendre. En ce sens, je comprend les enfants d'avoir relâché les fantômes: Ils sont l'expression même de l'essence de l'Opéra, des âmes qu'on a imaginée et aimée à travers le temps, alors même que certains de ces personnages n'existent même pas. Des personnages qui nous ont émus, fait grandir et divertis, et qui habiteront nos mémoires.




Dans la danse comme dans plusieurs autres domaines artistique, enfin, il faut du courage, de l'audace et des liens solides avec les gens autours de soi, notamment de l'entraide et de l'unité. Derrière les rideaux se cachent de nombreuses autres personnes, c'est un vaste travail d'Équipe.




C'est album bienveillant et chaleureux, presque onirique, dans lequel le fantômes ont un rôle rafraichissant, loin des êtres effrayants et mesquins. Au contraire, ils font parti de l'Opéra comme l'Opéra fait parti d'eux.




Pour un lectorat du premier cycle primaire, 6-7 ans +
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