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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Mes bien chers frères, mes bien chères soeurs,
En ce temps béni de l'Avent, j'aimerais faire appel à toute votre miséricorde. Oui, je me disais que si le Bon Dieu (à supposer qu'il existe, mais je ne polémiquerai pas là-dessus, c'est bientôt Noël) a lu un jour « le Diable, tout le temps », il a dû se choper une dépression de tous les ... diables et devenir schizophrène tendance lourde (c'est pas lui qui a créé Lucifer?), au point de se faire tout petit dans un coin de son paradis et de disparaître de la circulation terrestre (ce qui, soit dit en passant, expliquerait bien des choses, mais je ne polémiquerai pas là-dessus – Bis). Et que si le Bon Dieu lui-même s'en lave les mains, il ne reste plus que nous, pauvres lecteurs, pour nous inquiéter du sort du troupeau de brebis égarés que sont les personnages de D. R. Pollock.
Pourtant, ce n'est pas comme si la religion était absente du roman, au contraire. Mais – mon Dieu ! - elle y est complètement instrumentalisée, dévoyée, à des fins perverses ou fanatiques, par des prêcheurs qu'on dirait de pacotille s'ils n'étaient pas d'aussi dangereux psychopathes. Et comme si ça ne suffisait pas, on se rend compte qu'il faut aussi se méfier du shérif corrompu jusqu'à l'os et du couple (certes un peu louche) qui embarque gentiment les auto-stoppeurs pour les prendre en photo. Tout ça sur une période de vingt ans dans une région aussi charmante et accueillante que le Midwest post 2ème guerre mondiale. Jesus Christ ! Dans quel monde on vit...
Ne vous y trompez pas, si j'ai l'air de tourner ça à la rigolade, c'est justement pour déplomber la chape qui tombe sur le lecteur dès les premières pages. Noirs, malsains, monstrueux sont les agissements des protagonistes, tous irrécupérables (sauf peut-être Arvin), tous occupés à assouvir leurs désirs, leurs fantasmes ou leur vengeance sans la moindre bribe de considération ou de respect pour leurs semblables. Ca m'a rappelé un passage d'une chanson de Jean-Jacques Goldman (Juste quelques hommes) :
« Au plus sauvage, où renoncent les fauves
Dans les grands marécages où les humains pataugent
Au bout du mal, où tous les dieux nous quittent
Et nous abandonnent
Dans ces boues noires où même les diables hésitent »

Ici, le diable n'hésite pas, il est là, tout le temps, et il nous captive et nous scotche au livre jusqu'à la fin et au-delà. Cet enfer est écrit tellement magistralement que ça tient sûrement d'un miracle.
Allez, je vais chercher ma bouteille de vin de messe, c'est ma tournée.
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