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Critique de jeandubus


Le diable tout le temps

Pollock ne donne pas dans l'aquarelle, sa peinture de l'Ohio dans les années 50/60 est assez proche de son homonyme dans le contraste, à ceci près qu'on est ici dans le figuratif le plus criard.

Du sang sacrificiel au sang de la vengeance ou de la bêtise, on ne sort pas du fait que confier librement une arme à feu à n'importe quel abruti implique à moyen terme qu'il y aura des cadavres. Et ce quelles que soient les forcément mauvaises raisons (la loi du talion en chapelet mortel) qui peuvent animer des personnages lancés au hasard dans l'Amérique profonde et profondément désespérante.

Du coup, bons ou mauvais les rois de la gâchette et les paumés sexuels nous entraînent dans leurs dérives pour former ce qu'on décrit en 4° de couv' comme « un roman monstrueux qui se subit comme un fléau biblique dans une langue d'un autre temps » rien que çà ( !!!).

Qu'en est-il exactement : un rescapé de la seconde guerre mondiale plutôt cool devient fou quand sa femme meurt et se suicide laissant son fils désespéré qui à son tour va déraper tranquillement avec une certaine indulgence de l'auteur. Paf paf paf. le luger et le .22 parlent un langage métallique implacable. Rien de biblique en dehors des habituelles impostures : Tout le monde est mauvais, tout le monde ment. Tout le monde est moche et alcoolique. On sait tout çà depuis les centaines de romans déversés sur le sujet que chaque nouvelle guerre, chaque nouveau traumatisme mondial du grand agresseur impérialiste, naïf et innocent qui envoie ses enfants ignares au charbon n'oublie pas de publier avec des « Oh » et des « Ah » dithyrambiques, gonflés d'air vicié .

L'Amérique de Pollock est censée « ressembler à la fin du monde ». Quelle blague !.... depuis 50 ans rien n'a changé et les abrutis ont juste pris du bide. Leurs idées foireuses et leur vue basse leurs inspirent même de fusiller les condamné à mort par manque d'électricité ou de substance létale. Pollock ne dénonce rien et c'est bien le pire. Il baisse les bras en disant « bah voilà c'est comme ça, c'est pas ma faute » et il passe à la caisse en entrouvrant la porte du paradis des bestsellers à son jeune ado aux mains ensanglantées. Autrement dit par Télérama « le romancier n'excuse ni ne rejette ses personnages, il les regarde simplement s'empêtrer »…. Et le lecteur avec, qui compte les points au bord du chemin. On préfèrerait en rire ( et ça aurait pu être une bonne option, mais le "fléau biblique" n'est pas drôle).

Si l'univers de Pollock rappelle à certains ceux de Cormack McCarty, O'Connor ou Jim Thomson, c'est que le gars a piqué dans la caisse, le style en moins ( 55 chapitres de 7 pages très scolairement alignés) et donc accessible à tous et à toutes les récompenses qui vont avec, bien évidemment.

Du vent.


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