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Critique de Ogrimoire


Je pourrais ne pas être du tout la bonne personne pour lire ce livre. En effet, l'animation est pour moi un secteur assez lointain ; le cinéma en général n'est pas réellement une passion. Je me sens plus proche des livres, qui laissent libres mon imagination, que du cinéma, qui m'impose une vision extérieure. Oggy et les cafards, Les Zinzins de l'espace, Zig et Sharko… je n'ai pas vu. J'ai perdu mon corps, non plus. Et si j'ai vu Gainsbourg, vie héroïque, c'est pour accompagner la personne dont je partage la vie. Et j'aurais, avant d'avoir lu ce livre, été incapable de citer un autre nom que celui de Michel Ocelot : mes enfants ont vu Kirikou.

Pourtant, ce livre est en réalité surtout celui d'un parcours professionnel, d'une passion, d'un chemin pavé de réussites, mais également d'échecs. Et, ça, ça peut évidemment parler à tout le monde.

L'exercice est compliqué : comment raconter ce qui est, au global, un magnifique succès, sans paraître pontifiant, sans céder au côté « donneur de leçons », bref, sans paraître se complaire dans une forme de prétention ? On pense évidemment à Aznavour décrivant comment il s'imagine, en plein succès, répondant aux questions de jeunes désireux de suivre sa voix :

« Je m'voyais déjà racontant ma vie
L'air désabusé à des débutants friands de conseils »

Mais le livre évite pour l'essentiel ce danger. Les échecs, les ratés, les erreurs, les mauvais choix, ne sont pas éludés. Ensuite, naturellement, je ne connais personne du milieu qui soit capable de m'indiquer si les explications données sont les bonnes, ou si elles ne sont que des « excuses », mais on perçoit une belle sincérité qui donne envie d'y croire.

Un passage m'a semblé un peu péremptoire, tout de même. Il survient très tôt dans le livre, et j'ai surtout eu peur qu'il soit représentatif de ce qui allait suivre, mais cela n'a pas été le cas, le sujet reste donc de peu d'importance. Mais le sujet évoqué alors me parait intéressant, je vais donc tout de même développer un peu. Page 30, Marc du Pontavice décrit la façon dont il « lit » un scénario, comment le récit constitue pour lui une « musique », et ses défauts des « fausses notes ». En fait, et on retrouve cela à plusieurs endroits du livre, il me semble que Marc du Pontavice nous décrit en fait une forme de synesthésie, vous savez, ce phénomène qui, le plus souvent, amène certaines personnes à se représenter les chiffres comme étant colorés.

Ainsi, proposer comme méthode d'évaluation de la pertinence d'un scénario – ou d'un contrat, ainsi qu'il l'évoque sur la page suivante – par la perception de sa « musique » et de ses « fausses notes », alors que la façon dont nous interprétons, chacun, ce que nous lisons, ne doit correspondre que dans des cas rares à cette version « musicale », m'a semblé difficilement partageable. Mais, dans la suite du livre, je n'ai pas trouvé d'autres passages qui pourraient être assimilés à un « discours de la méthode », j'en ai finalement conclu qu'il s'agissait simplement de décrire, sans volonté de prosélytisme…

Quant à la fin du livre… je dois l'avouer, j'ai eu l'impression de vivre avec eux cette soirée des Oscars. Dans l'excitation, dans l'émotion, comme si j'y étais… C'est donc que le récit en est bien vivant !

Ce livre se lit facilement, il permet de découvrir un milieu que nous ne voyons en général que de l'extérieur et au travers du prisme des médias. Il est donc vraiment intéressant de s'y plonger, que l'on soit sensible aux paillettes de Cannes ou qu'on s'en désintéresse absolument… Autant dire que chacun pourra y trouver des choses intéressantes !
Lien : https://ogrimoire.com/2022/0..
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