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Critique de Phloga


Attention ! F.O.L. A ne pas manquer
F.O.L. : Fascinant Objet Littéraire à l'écriture ciselée, délicieusement décalée dont la férocité, le énième degré et l'humour noir (très noir) n'enlèvent rien à la poésie.
Une histoire malaisante de prime abord, qui nous emmène sans en avoir l'air vers une singulière réflexion existentielle.
Marie et Léon, en lévitation dans l'absolu de leur amour sont étrangers au monde trivial de leurs contemporains et pour y survivre et s'y adapter ils développent des stratégies différentes ; elle s'en protège en opérant un contrôle constant par toutes sortes de rituels et autres T.O.C ou bien en allant jusqu'à se fondre dans le décor pour s'y dissoudre et s'en soustraire dès que celui-ci lui devient insupportable. Elle n'habite pas le monde, elle l'observe d'un autre point, ailleurs , quelque part dans l'espace-temps , elle en a une perception sensorielle, organique, viscérale, puis une fois qu'elle l' a analysé, digéré, intellectualisé, elle nous le présente d'une manière savoureusement acide et terriblement juste. Son observation comportementale des enfants, qu'elle étudie cliniquement, comme on le ferait de spécimens de laboratoire, est particulièrement jubilatoire.
León lui, investit son biotope, il s'y déplace en éclaireur, le manipule et le façonne pour s'y construire un refuge et un poste d'observation.
Tous deux aspiraient donc à devenir trois, mais chacun avec ses propres motivations : Léon semble n'avoir jamais fait le deuil de sa propre enfance, et espère la revivre par procuration auprès d'un enfant qui ne grandirait peut-être jamais ; Marie, au prénom pourtant prédestiné, ne semble pas être motivée par cet instinct maternel censé être inné dès lors que l'on est dépourvu de chromosome Y.
Elle considérerait l'enfantement ,ou plutôt la procréation , comme une expérience narcissique de reproduction. Elle pensait avoir la maitrise de son corps, de sa pensée et aussi de Léon, mais le process de fabrication lui échappe, sa matrice rejette le foetus comme un corps étranger immunitairement incompatible, une anomalie. Surprise par le gouffre du vide, son esprit ne parvient pas à conceptualiser la douleur de l'absence, pas plus qu'il ne pouvait expliquer l'évidence de son amour pour Léon. Elle tente alors de reprendre le contrôle en se lançant dans une étrange oeuvre de création capillaire. León, exprime sa souffrance autrement, et construit son deuil d'une manière pas moins inquiétante.
Entre conte et road trip, Marie et Léon nous emmènent sur la mince frontière entre la folie et la raison, le bien et le mal, et à force de les suivre entre fantastique et hyperréalisme, dans un Paris post pandémie déshumanisé on finit par s'attacher à ce couple monstrueusement moderne , autiste , perdu, qui cherche intégrer la norme par des moyens hors normes.
Leur conception de la parentalité, totalement en dehors des conventions établies, sans filtre et sans concessions , n'est pourtant pas si malveillante, et pourraient même être inspirante car finalement franchise, sincérité , honnêteté sont tout de même ce que tout parent doit à son enfant… et que tout auteur doit à son lecteur.






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