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EAN : 9782490834181
320 pages
Panseur (11/01/2024)
4.12/5   12 notes
Résumé :
Depuis combien de temps Léon et Marie s’aiment ? Ils diraient depuis toujours, comme si rien n’avait existé avant eux. D’ailleurs en dehors d’eux, il n’y a rien.

Même Amande n’a pas trouvé sa place. Il s’était pourtant glissé à l’intérieur de Marie, puis avait grandi. Mais Amande est mort, à la clinique, sous la lumière d’un néon blanc.

Depuis cette fausse couche, Marie fabrique un nouvel Amande, une poupée avec des mèches noires comme ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le début de ce roman fait craindre le développement autour d'un drame difficile à vivre malgré sa fréquence. Une fausse couche est un événement traumatisant pour de nombreuses femmes, surtout si le désir d'enfant s'érige en maître ! Mais le sujet, malgré l'empathie qu'il peut susciter, n'est pas de plus romanesques.
L'autrice, avec un savoir-faire remarquable fait évoluer à petites touches le propos : le chagrin laisse peu à peu la place à la folie…

Avec un crescendo savamment orchestré, le récit de ce délire d'un couple obsédé par le désir d'enfant n'en reste pas là. de nombreuses réflexions sur la parentalité, la place d'un enfant dans le monde actuel, mais aussi le quotidien d'une famille avec les contraintes que cela suppose, toutes ces questions sont évoquées à travers le prisme de de la folie.

Quelques maladresses grammaticales que le plaisir de lecture fait oublier.

Etonnant et questionnant

320 pages Panseur 11 janvier 2024
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Après avoir terminé il y a quelques jours ce premier roman de Léna Pontgelard, je me suis remémoré tous les titres de littérature contemporaine qui m'ont laissé une marque indélébile. Ces expériences de lecture si intenses que je les poursuivais en tout lieu dès que j'avais un moment et qui m'ont tant habité que je me souvient précisément où et quand je les ai finis. Des oeuvres qui se sont fondues en moi.

C'est à ça que je reconnais l'un de mes grands moments de littérature. Quand le livre m'a ouvert, que j'y ai versé un peu de moi et qu'il m'a rempli en retour.

Une si Moderne Solitude s'ajoute désormais à cette liste restreinte de mes alchimies littéraires.

C'est un livre qui m'a ravi par son écriture, bouleversé par son regard, et fendu l'âme par ses propos multiples chargés d'émotions originales.

Au départ, l'autrice nous propose un décor et une matière première en apparence simples : un jeune couple aisé, Marie et Léon, dans l'Est Parisien, en proie à leurs conflits de désirs, et devant se remettre d'une fausse couche.

Sauf que dès les premières lignes, la façon dont ce matériau de base est traité, malaxé, relaté par Marie, qui nous conte toute cette histoire, a quelque chose de troublant. de troublé aussi …

Marie ne voit pas cet ensemble de paramètres ordinaires comme vous et moi. Elle ne les fantasme pas non plus pour ce qu'ils ne sont pas. Elle les regarde de biais. C'est son regard et sa voix qui vont donc transformer cet amas de paramètres banals en dissections « cynico-philosophiques » sur toute une série de thèmes majeurs : le trio de tête, ce sera l'enfant, l'enfance et la parentalité. Mais Marie et le roman nous emmène bien au-delà de ce triangle central.

Est abordé le rapport aux autres, le rapport aux conventions sociales, le désir, l'adaptation d'un individu (dans ce que ce processus du vivant peut avoir d'attractif pour viser la survie, et de répulsif pour viser la vie choisie) … Grâce au prisme de Marie, ces thèmes essentiels nous sont contés sous un nouveau jour. Et m'ont personnellement conduit à me poser pas mal de questions.

J'ai vu dans ce livre un conte sur le Volume. L'espace. Les vides et les pleins. Cette toile de fond de physique élémentaire pour analyser des sentiments si complexes comme l'Amour, la Différence et le désir d'enfant est à la fois bouleversante et jubilatoire.

L'Amour, chez Marie et Léon, occupe un volume donné. Alors que de l'espace s'était provisoirement et naturellement fait pour accueillir un nouveau paramètre, voilà qu'un incident de parcours vient dérégler la nouvelle volumétrie. L'équilibre entre les vides et les pleins est ébranlé. Et Marie passe son temps à questionner cet équilibre.

Quel espace faut-il laisser à un désir naissant ? Quel espace faut-il prendre à ses voisins pour assumer une différence ? Comment reconnaitre un vide en soit à combler ? Au contraire, comment repérer un vide voué à rester vide ?

Léon et Marie ne savent pas comment les autres jonglent spontanément avec ces équations. Alors ils décident d'expérimenter. Les frontières entre ce qui remplit un être et ce qui le vide sont brouillées lorsqu'ils commencent leurs essayages sur le terrain.

Le travail, un vide ou un plein ?

L'altérité, un vide ou un plein ?

L'Amour au sein du couple, un vide ou un plein ?

Perdre involontairement un enfant non désiré, un vide ou un plein ?

Elever et s'occuper d'un enfant, un vide ou un plein ?

Certains résultats seront surprenants tant pour le couple que pour le lecteur. En effet, on pourrait croire en première approche que le conte inviterait à une forme de détachement progressif de la société (exit le travail, les conventions sociales, les contingences matérielles) pour retrouver la quintessence de la vraie Vie, à travers le couple et surtout, sa création.

Mais cette première lecture, insidieuse dans le style, perfide dans la façon dont les personnages la traversent, est bien entendue à creuser. Certains calculs sont erronés pour parvenir à cet équilibre artificiel de vides et de pleins, qui demeure instable du début à la fin.

Chacun, sans doute, l'expérimentera différemment dans sa lecture, et c'est ce qui est fascinant avec ce roman.

Qui, au-delà d'explorer si intelligemment ces thèmes, le fait avec une écriture magnétique, apte à soutenir les expérimentations subatomiques à l'oeuvre dans l'histoire, oscillant et mêlant sans cesse observations cliniques et espoirs poétiques.

J'ai été impressionné et transporté par ce ballotement hypnotique entre l'hyper réalisme désincarné du style (souvent réjouissant et drôle !) et le pur paysage émotionnel qu'on contemple et qui nous imprègne de bout au bout, presque sans que l'on s'en rende compte.

Si vous cherchez une voix originale pour vous transporter entre mystique et acide, pour vous faire chausser des lunettes déformantes sur le monde tout en vous ouvrant le regard en vous-même, je ne peux que recommander cet ouvrage.

Personnellement, ça faisait un moment que j'attendais ça…
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« Une si moderne solitude » est le piédestal littéraire. Une expérience de lecture atypique dont on ne sort pas indemne, tant elle est existentielle.
Magistral, aux lisières de la folie, lorsque la douleur est trop vive. Ce roman est une gageure. Une prouesse d'écriture essentielle, impressionnante et singulière.
Nous sommes dans un premier roman né depuis des millénaires. Un chef-d'oeuvre dont on retient le regard, l'envoûtement et le cri.
Ici, c'est la matrice. le coeur de la vie et le nid vide d'enfant. le battement d'ailes (d'elle), Marie qui vient de faire une fausse-couche. Amande est dans les limbes. Elle aime Léon. Léon l'aime. le récit n'est pas sous la première épaisseur. Il faut briser l'écorce. Pénétrer ce livre inestimable et se heurter de plein fouet au manque et au vide. La douleur vive et le don inné de Léna Pontgelard qui va briser les carcans d'un drame. Bouger la trame avec force entre le fantastique, l'étrange et les fantasmes à fleur de peau et de sens.
Léon et Marie sont dans cet après.
« Alors j'observe mon bureau. Ce n'est pas vraiment le mien, je fais simplement comme si. Parce que je suis autrice, et que les livres se vendent, j'ai droit d'être bizarre. Incompréhensible, différente. Pourtant, je suis de la même multitude qu'eux. »
Léon est en veille. La lumière blafarde, l'antre grise. le rituel d'un deuil en advenir. Pas maintenant, pas tout de suite. Il est en posture métaphysique. Entre un réel assourdissant et Marie qui va tel le rocher de Sisyphe, franchir l'autre versant, vaincre l'enfer. Les rêves comme des ancres jetées en mer dont le grincement est le signal d'une autre couleur, être à la limite de la normalité. le vide et ses démons et ses gestuelles déplacées vers l'errance intérieure.
Créer une poupée : Amande, tel son enfant, avec des vrais cheveux enfantins. Se réfugier dans la cabane, grotte-abysse, ventre, réinventer une maternité avant le final.
« J'ai besoin d'être seule avec lui. » Léon et Marie, fusionnels et déraisonnables. Ils sont en dérive, et flottent sur la zone d'ombre. Les dangers comme une prison mentale. Séquestrés dans cette radicalité, au plus profond des vacillements intérieurs. Ils inventent le scénario de la survie. La noirceur étincelle. « Mais lorsque mon corps a tenté de reprendre ses droits, je me demande si mon esprit, vexé, ne s'est pas vengé. Désormais, je le sais, je préfère la fiction. » « J'ai tout de même perdu un enfant. Plutôt un drap blanc qui nous a traversés la nuit, dans les couloirs d'un manoir hanté. Un petit rien, de la taille d'une amande . »
Le blanc ténébreux écarte les branches immanquablement. le paroxysme d'un basculement vers un thriller psychologique. « Marie, je peux ? Léon m'a dit qu'il fallait que je te demande parce que j'allais me salir. J'ai pas de dehors chez moi… S'il te plaît ! »
Caustique, glaçante, Marie est mythomane. « Je ne sais pas. Ça dépendra s'il enlève ses chaussures avant de rentrer. »
Cet enfant simulacre, qui franchit le seuil d'une psyché tourmentée, semble imaginaire. Nous sommes dans le plein d'un récit d'ombres et d'angoisses. La quête d'une survivance. le lâcher-prise avec Amande, poupée-fils. Tom semble fantomatique. La traversée du miroir dans cette invisibilité frissonnante. La parentalité comme un mime glaçant. « Mais je sais qu'elle reviendra la culpabilité. Dans dix ans. Avec une lanterne qui aura déformé plus que son nom et qui éclairera toutes mes nuits. Je commence à entrevoir l'intérêt d'un enfant. Si je veux, je peux le faire malpoli. C'est un produit frais. »
Tom qui habite partout dans les moindres recoins est un fantasme. La mort en arrière-plan. le mimétisme dans l'immensité d'une satire qui féconde l'allégorie du mal.
Ce roman est un défi au conventionnel, « Harold et Maude » dans notre vive contemporanéité. Il est d'une puissance rare. Stylistiquement majestueux et féroce. Il bouge les normes, secoue et devient l'exploit d'une création. C'est une fresque mentale. L'abîme métaphysique qui oscille entre la chute et la résilience. « Une si moderne solitude » est une lutte pour résister autrement. Publié par les majeures Éditions du Panseur.

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Attention ! F.O.L. A ne pas manquer
F.O.L. : Fascinant Objet Littéraire à l'écriture ciselée, délicieusement décalée dont la férocité, le énième degré et l'humour noir (très noir) n'enlèvent rien à la poésie.
Une histoire malaisante de prime abord, qui nous emmène sans en avoir l'air vers une singulière réflexion existentielle.
Marie et Léon, en lévitation dans l'absolu de leur amour sont étrangers au monde trivial de leurs contemporains et pour y survivre et s'y adapter ils développent des stratégies différentes ; elle s'en protège en opérant un contrôle constant par toutes sortes de rituels et autres T.O.C ou bien en allant jusqu'à se fondre dans le décor pour s'y dissoudre et s'en soustraire dès que celui-ci lui devient insupportable. Elle n'habite pas le monde, elle l'observe d'un autre point, ailleurs , quelque part dans l'espace-temps , elle en a une perception sensorielle, organique, viscérale, puis une fois qu'elle l' a analysé, digéré, intellectualisé, elle nous le présente d'une manière savoureusement acide et terriblement juste. Son observation comportementale des enfants, qu'elle étudie cliniquement, comme on le ferait de spécimens de laboratoire, est particulièrement jubilatoire.
León lui, investit son biotope, il s'y déplace en éclaireur, le manipule et le façonne pour s'y construire un refuge et un poste d'observation.
Tous deux aspiraient donc à devenir trois, mais chacun avec ses propres motivations : Léon semble n'avoir jamais fait le deuil de sa propre enfance, et espère la revivre par procuration auprès d'un enfant qui ne grandirait peut-être jamais ; Marie, au prénom pourtant prédestiné, ne semble pas être motivée par cet instinct maternel censé être inné dès lors que l'on est dépourvu de chromosome Y.
Elle considérerait l'enfantement ,ou plutôt la procréation , comme une expérience narcissique de reproduction. Elle pensait avoir la maitrise de son corps, de sa pensée et aussi de Léon, mais le process de fabrication lui échappe, sa matrice rejette le foetus comme un corps étranger immunitairement incompatible, une anomalie. Surprise par le gouffre du vide, son esprit ne parvient pas à conceptualiser la douleur de l'absence, pas plus qu'il ne pouvait expliquer l'évidence de son amour pour Léon. Elle tente alors de reprendre le contrôle en se lançant dans une étrange oeuvre de création capillaire. León, exprime sa souffrance autrement, et construit son deuil d'une manière pas moins inquiétante.
Entre conte et road trip, Marie et Léon nous emmènent sur la mince frontière entre la folie et la raison, le bien et le mal, et à force de les suivre entre fantastique et hyperréalisme, dans un Paris post pandémie déshumanisé on finit par s'attacher à ce couple monstrueusement moderne , autiste , perdu, qui cherche intégrer la norme par des moyens hors normes.
Leur conception de la parentalité, totalement en dehors des conventions établies, sans filtre et sans concessions , n'est pourtant pas si malveillante, et pourraient même être inspirante car finalement franchise, sincérité , honnêteté sont tout de même ce que tout parent doit à son enfant… et que tout auteur doit à son lecteur.






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Tout d'abord merci à Masse Critique Littératures et les éditions du _Panseur pour cette découverte littéraire.

Je ne sais pas si ma critique sera à la hauteur du talent de Léna Pontgelard et de son premier roman ”Une si moderne solitude” mais je peux dire que j'ai été conquise par l'histoire, l'écriture, le style et je reprends tout juste mon souffle après cette plongée dans la folie de Marie et Léon.

J'ai tenté de résumer ”Une si moderne solitude” en un mot. Celui qui me revenait le plus souvent au fils des pages est : Ovni Littéraire... mais ce n'est pas un seul mot, alors je ne pense pas que l'on puisse emprisonner ce roman dans un carcan tellement il est atypique.

Tout part de cette fausse-couche vécue par Marie et Léon, ce ventre vide qui fait basculer le couple dans l'indicible : à defaut d'avoir un enfant, pourquoi ne pas en essayer un, pour voir... Une nouvelle façon de vivre le deuil périnatal, la parentalité et la résilience.
Marie et Léon s'aiment, se mentent, se manipulent et vont vivre à leur manière cet après fausse-couche.
Mais où se situent la réalité et le fantasme dans ce roman ? Partout et nul part quand on a perdu un enfant, quand bien même il était de la taille d'Amande.

Marie et Léna Pontgelard ont beaucoup de points communs, les champignons, les métiers de traductrices et d'autrices.... se pose là aussi la question de savoir où est la limite entre fiction et autobiographie...

Une si moderne solitude” est dérangeant, fascinant et perturbant. La relation de ce couple à l'enfant, aux enfants, est hors-norme et questionne sur la dépression et les chemins qu'elle nous fait emprunter pour vivre et survivre...
L'humour noir est aussi au rendez-vous, alors sortez votre second degré et ne jouez pas les choqués, laissez-vous plutôt emporter par la folie de ce roman.

Marie et Léon ont perdu Amande, Léna Pontgelard en a fait naître un chef-d'oeuvre littéraire.
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critiques presse (1)
LeMonde
02 février 2024
Un couple se découvre prêt à tout après une fausse couche. A vraiment tout. Troublant premier roman.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je ne me souviens plus du moment où je t'ai aimé. Quand on en parle, je fais semblant. Je te raconte que c'était au restaurant universitaire. Que tu étais assis en face de moi, à peu près, parce qu'avouer que tu étais en diagonale, briserai la poésie de mon récit. Que les dalles des murs étaient blanches, même si ce n'était sûrement pas des dalles. Qu'il n'y avait plus personne. Nous étions seuls, sur une tablée de six.
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La différence ne nous a pas encore emportés. Ses griffes ne se sont pas refermées sur nos chairs et nos stigmates n’existent pas.
Pourtant elle nous fixe.
Pourtant, je croyais l’avoir dupée : j’ai changé des draps, repassé nos vêtements, acheté un pot de colle Cléopâtre à Andréa, tenu à jour son carnet de santé, mis un mot à l’institutrice pour excuser ses absences. J’ai surtout perdu du poids, pris des cernes sous les yeux, regardé les informations, j’ai fait tout ce qu’on devait faire une fois la trentaine passée. Je pensais être en possession du sceau royal qui m’empêcherait de retourner dans les geôles de la différence. Mais Andréa est son prisonnier
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