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Critique de Diabolau


J'avais lu l'année dernière, du même auteur, le cimetière des anges, un roman historique crépusculaire sur la première guerre mondiale, légèrement teinté de fantastique, qui m'avait frappé au coeur. Ici, changement total de registre, Arnauld Pontier se lance dans le premier volet d'une trilogie de space opera basée sur les pérégrinations d'une tueuse cybernétique de choc et de charme.
Pour respecter les codes du pulp – ce qui est parfaitement assumé par l'auteur – l'écriture devient beaucoup plus accessible que dans le Cimetière des anges, sans pour autant sombrer dans l'écueil du simplisme, et l'on suit avec plaisir et intérêt les aventures trépidantes de cette Lina, au carrefour de Cyberpunk, de Drôles de dames et des films d'arts martiaux chinois, écrites avec un plaisir visible et communicatif, de rebondissement en révélation.
Personnellement, j'ai tendance à préférer la SF "réflexive", voire "idéologique", à la SF légère... Et pourtant, je me suis laissé emporter par F.E.L.I.N.E. Il faut dire que bon sang ne saurait mentir et que ce court roman n'est pas aussi innocent qu'il y paraît au premier abord.
En premier lieu, l'intrigue est quand même assez complexe : entre le Central, les déviants, Arach, les agents doubles et même les agents triples, j'ai bien failli m'y perdre une ou deux fois, d'autant que le bougre entretient savamment le mystère sur "qui roule pour qui".
Ensuite, l'histoire revisite de façon assez originale le vieux thème de la machine qui se retourne contre son créateur... Des articles récents de certaines sommités en la matière disent que bien loin d'être un délire issu de l'esprit malade du scénariste des films "Terminator", une éventuelle prise de pouvoir des intelligences artificielles pourrait bien devenir, à moyen terme, un risque réel.
Arnauld Pontier évite également avec talent l'écueil du manichéisme. Le "central", intelligence artificielle impitoyable, n'accepte pourtant pas l'esclavage d'une espèce par une autre (sans doute est-ce inscrit dans ses algorithmes ?), alors que le chef des déviants, dont le but est normalement de sauver l'humanité contre les robots et les "cybes", est une ordure de toute première catégorie qui ne recule devant aucune infamie pour parvenir à ses fins.
Enfin, le traitement du mensonge est royal dans ce bouquin. C'est quasiment un personnage à part entière : tout le monde ment à tout le monde, avec une régularité de métronome... Triste écho du monde réel, qui semble de plus en plus régenté par l'argent... et le mensonge.
Le dénouement, très inattendu, est particulièrement réussi. Cela a déjà été dit, mais il convient de le souligner.
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