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Critique de Noetique01



Popper prend un soin relatif à argumenter en faveur de l'historicisme pour le réfuter de manière plus convaincante et rigoureuse. Sa critique n'est pas indépendante de son falsificationnisme puisqu'il reproche à l'historicisme de mésinterpréter le fonctionnement de la recherche en science naturelle, qui fonctionne par la conditionnalité des prédictions (l'historicisme, plutôt que d'affirmer une loi de la forme "si A alors B", énonce soit une prédiction prophétique inconditionnelle prétendument imitée du naturalisme, soit une prédiction prophétique inconditionnelle reposant sur une méthode propre) et par le test falsifiable. C'est ainsi qu'il considère que les sciences humaines et sociales n'ont pas, en droit, un statut épistémologique différent des sciences naturelles, puisqu'il doit il y avoir des hypothèses conditionnelles testables dans diverses situations. Par là, on reconnait une critique de l'holisme. Mais une telle critique présuppose pourtant déjà a priori que la vérification de l'efficacité d'une intervention scientifique se mesure aux états des objets individuels, en ce qu'ils sont falsifiables.

Face à l'historicisme pronaturaliste, qui veut des lois de l'évolution inconditionnelles (ce qui repose sur ladite mauvaise compréhension de la nature des lois naturelles selon Popper), l'historicisme antinaturaliste affirme que les méthodes naturalistes ne peuvent pas fonctionner en sciences humaines et sociales. Ce sont bien ces deux historicismes que Popper critique. Popper soulève le point selon lequel l'intervention d'un test pour les sciences humaines et sociales viendrait déjà modifier la possibilité même de la prédiction, puisque tester un évènement à venir impliquerait déjà de modifier les conditions actuelles nécessaires à sa réalisation. D'ailleurs, l'évènement historique n'est pas répétable au sens naturaliste. À cela, il s'agit de dire qu'il n'y a pas de prédiction absolue à apporter, mais des prédictions conditionnelles, et ladite modification des conditions n'est problématique que pour l'holisme, car c'est dans l'holisme qu'il s'agit de modifier la structure générale de la société, de telle sorte qu'il ne soit ainsi plus permis d'observation falsifiable et conditionnelle sur les états des individus, en ce qu'ils s'adaptent alors à cette structure, par lesquels on mesure l'état de la société. Popper est anti-révolutionnaire pour cette raison. Dans des tests conditionnels non-holistes, on peut fonctionner par essais-erreurs en observant les effets d'une action limitée qui ne viendrait pas détruire le cadre de réalisabilité même d'un tel test, en ce qu'il ne modifierait pas les conditions des objets individuels vers qui est tournée cette action (quant à l'objection de la non-répétabilité des évènements, elle repose sur une erreur d'interprétation de la physique, qui ne fonctionne pas par confirmations, mais par falsifications). Mais c'est déjà-là supposer que ce sont les individus qui importent a priori, et qu'il n'est pas possible d'imposer un test "falsifiable" sur un tout sans changer les conditions qui permettent un tel test. Il apparait bien que, au contraire, la conformation des individus à la nouvelle structure manifeste une réussite du test d'efficacité imposée à cette structure, et que le sujet de l'historicisme n'est pas de comprendre ce qui accomplit les hommes, mais ce qui se déroule en fait structurellement. En revanche, une telle analyse doit en effet - Popper a raison - être conditionnelle pour être scientifique.
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