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Critique de belette2911


Un vieux rêve vient de se réaliser : me voici convoyeuse de chevaux, en Patagonie. Je serre les fesses, parce que l'on ne chevauchera pas sur des beaux chemins comme dans nos régions…

Patagonie, avril 2015. On fait la connaissance du gaucho Danilo, un des derniers habitants d'une vallée qui sera entièrement submergée de flotte, pour le barrage que l'on vient de construire.

Danilo partira le dernier, avec les quelques chevaux qui lui restent et qu'il vient de vendre à une estancia (exploitation agricole). Il n'a pas résisté face à la toute puissance des sociétés qui construisent des barrages. David ne peut pas gagner contre Goliath.

Alma, une jeune femme taciturne, d'origine tehuelche (une native), va l'aider dans cette transhumance. Elle est secrète et les chapitres s'alterneront avec son passé, le présent de la transhumance et la vie de ceux qui sont au barrage pour contrôler son remplissage.

Dans ce roman, j'ai ressenti les bienfaits des feux de camp, les douleurs des chevauchées, le plaisir de descendre de sa selle, au soir. Ne manquait plus que les odeurs, mais je n'ai pas dû faire beaucoup d'efforts pour me souvenir de celle d'un feu et de celles des corps, après une longue chevauchée (oui, on pue, mais comme toute la troupe pue, tout le monde s'en moque).

Ce récit, ce n'est pas qu'une transhumance, c'est aussi toute la souffrance humaine. Celle des natifs, Mapuches ou Tehuelches, qui ont vu leur culture, leur langue, se faire bouffer toute crue par les chrétiens débarqués sur le continent.

C'est aussi celle des propriétaires, qui, après plusieurs générations passées sur leurs terres, se voient relégués, destitués de leurs propriétés, eux qui se croyaient plus à l'abri, parce qu'ils vivaient loin de la civilisation, dans la raie du trou du cul de l'Argentine. "Circulez, la loi du plus fort prévôt, la civilisation arrive, avec ses routes et tout le tralala. Allez voir ailleurs si nous y sommes"… On connaît le message.

Dans ce roman, il y a des véritables morceaux de souffrance, sans que l'autrice soit obligée d'en faire des tonnes, sans pathos, pas pour faire pleurer dans les masures, juste pour expliquer, montrer comment le monde tourne, partout, tout le temps : le plus fort dévore le plus petit, les plus faibles, les moins riches, les moins pistonnés…

Ce roman de 200 pages, qui est ramassé sur cinq jours, est copieux, sans jamais virer à l'indigestion. L'amertume est bien présente, l'acidité aussi, mais il y a aussi un peu de sucrosité, en fin de bouche, sans que l'équilibre ne soit pas rompu. Oui, j'ai un peu trop regardé Top Chef…

Des portraits réalistes, des personnages auxquels on s'attache, possédant de la noirceur humaine, de la haine, de la rage, l'envie d'en découdre, ou tout simplement une lassitude de la vie, des interrogations, des regrets, de la peine… Oui, on s'attache vite à la jeune Alma et à Danilo le gaucho…

Un beau roman, assurément !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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