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Critique de Presence


Ce tome comprend les épisodes 13 à 19, initialement parus en 2013, écrits par Gerry Duggan et Brian Posehn. Il vaut mieux avoir commencé la série par le premier tome.

+++ L'action de l'épisode 13 se déroule en 1977, à New York. Deadpool remarque dans le Daily Buggle une annonce pour les Héros à louer (Heroes for hire, c'est-à-dire Luke Cage et Danny Rand, ou encore Power Man & Iron Fist). Il décide de se joindre à eux (en dépit de leur désaccord, voire refus caractérisé en ce qui concerne Luke Cage). Il les assiste sur un cas d'enlèvement d'une jeune femme (Carmelita Camacho, 18 ans) par un proxénète albinos se faisant appeler White Man (le blanc). Épisode 14 - White Man reprend connaissance dans le temps présent. Il prend des otages dans l'observatoire de l'Empire State Building, et exige la présence de Power Man, Iron Fist et Deadpool pour les massacrer afin d'assouvir sa vengeance. Ces 2 épisodes sont dessinés par Scott Koblish.

Après la plongée dans les années 1980 (épisode 7), il s'agit cette fois-ci de plonger en pleine époque de la blaxploitation et des films de kung-fu dans un quartier malfamé de New York. Posehn et Duggan se révèlent tout aussi à l'aise pour évoquer cette époque et cette ambiance, qu'ils l'avaient été pour les années 1980. La densité de références culturelles est moins élevée (KISS, Orange mécanique, The Warriors), mais le vocabulaire et les tenues vestimentaires sont authentiques. Ils ont dont créé pour l'occasion un supercriminel assez superficiel, sauf qu'il se fait appeler "le Blanc" dans un quartier noir, ce qui permet à Deadpool de s'en donner à coeur joie sur les sous-entendus racistes de cette dénomination.

Les scénaristes maîtrisent toujours aussi bien l'histoire de l'univers partagé Marvel, et c'est avec plaisir que l'on voit une apparition de tante May, et une autre de George Stacy (le père de Gwen Stacy). Ils s'amusent bien avec le caractère un peu soupe au lait de Luke Cage qui ne supporte pas les clowneries de Deadpool (il finit par l'envoyer valdinguer par la fenêtre). Ils tournent en ridicule Iron Fist qui concentre toute son énergie dans son poing, sans qu'il ne trouve sur quoi taper pour libérer cette énergie (avec un sous-entendu de tension sexuelle qu'il n'arrive pas à libérer).

Scott Koblish modifie son style pour mettre plus de cases par page, afin d'évoquer l'apparence parfois un peu tassée des comics de cette époque. Val Stapples (le metteur en couleurs) a de nouveau recours à des teintes pixellisées pour imiter les techniques limitées de reprographie de l'époque. Il y a plusieurs gags visuels, à commencer par la permanente afro authentiquement kitsch de Deadpool et son pantalon à carreaux. Lors de la relation sexuelle entre Deadpool et Carmelita, Koblish s'amuse à évoquer l'acte par le biais de 17 cases utilisant la métaphore (tel le train qui pénètre dans un tunnel).

L'épisode 14 s'avère aussi réjouissant même s'il se déroule au temps présent car Luke Cage ne supporte toujours pas d'être associé à ce bouffon de Deadpool, et Le Blanc souffre d'un décalage temporel aggravé par la libération des moeurs. Posehn et Duggan s'amusent à affubler Iron Fist, puis Deadpool d'une bande de gamins apprentis judokas assez efficaces. L'humour visuel de Koblish continue de faire mouche, qu'il s'agisse du visage déformé par l'exaspération de Luke Cage, ou de la main négligemment baladeuse de Deadpool sur le postérieur d'une otage qu'il vient de libérer. 5 étoiles pours ces 2 épisodes jouant sur plusieurs registres d'humour.

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+++ Épisodes 15 à 19 (dessins et encrage de Declan Shalvey) +++ Deadpool a fini par choper la belle rousse qui l'a endormi à plusieurs reprises contre son gré pour lui prélever des morceaux de tissu corporel. Il comprend rapidement qu'un groupuscule indéterminé (mené par un certain Butler) conspire contre lui et va passer à l'étape d'après, c'est-à-dire le capturer. Il estime que c'est lié au programme de l'Arme X (Weapon X) et prévient Logan (Wolverine) et Captain America (Steve Rogers). Les 3 finissent par être capturés et se retrouvent dans un laboratoire d'expérimentation en Corée du Nord.

Les dessins de Declan Shalvey ont une apparence plus rugueuse et moins minutieuse que ceux de Koblish. Ce style est plus approprié à cette histoire beaucoup plus sombre. Il rend plus crédible la souffrance des prisonniers du camp nord-coréen, ainsi que les blessures de Deadpool (avec une scène peu agréable dans laquelle Deadpool s'insère lui-même un objet dans la chair de sa cuisse). Par contre il est visible qu'il fatigue d'épisode en épisode et les arrières plans disparaissent au fur et à mesure.

Posehn et Duggan ont choisi de changer de registre pour cette deuxième histoire. Il s'agit d'une transition qui s'opère progressivement, le premier épisode comprenant encore une bonne dose d'humour qui va en s'amenuisant d'épisode en épisode. À nouveau les scénaristes font preuve d'une solide connaissance de l'univers partagé Marvel trouvant une manière habile de se raccrocher au projet Weapon X, sans ressasser des scènes mille fois déjà vues. Leur humour continue de faire mouche, avec un esprit retors (Deadpool surprenant Logan au lit, sa compagne restant cachée sous les draps ; néanmoins Deadpool l'a clairement identifiée et lui dit au revoir en l'appelant par son nom, effet de surprise garanti pour le lecteur).

L'intrigue s'articule autour de la confrontation avec monsieur Butler, la raison pour laquelle il souhaitait obtenir régulièrement des prélèvements de Deadpool, et un potentiel rejeton de Deadpool. Posehn & Duggan mettent donc en avant la composante tragique de Deadpool, de manière très convaincante. Ils savent faire ressortir sa personnalité en la confrontant à celle de Logan et Captain America et ils entretiennent le suspense jusqu'au bout. Toutefois le contraste avec les 2 premiers épisodes est trop fort, et le lecteur finit par avoir l'impression qu'il ne s'agit pas du même personnage d'une histoire à l'autre. Entre 3 et 4 étoiles en fonction de l'implication du lecteur dans l'histoire personnelle de Deadpool.
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