AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de DragonLyre


C'est l'heure de la rentrée pour Victoire. Première année de fac, première chambre d'étudiante à Paris, premiers pas dans la vie de jeune adulte. Une mission d'autant plus complexe que Victoire ne parle plus depuis la mort de son meilleur ami il y a trois ans de cela. Sa famille n'a pas résisté à son traumatisme ; son père a quitté le domicile conjugal, sa mère la couve trop et sa soeur cadette lui parle à peine. Chaque jour est un combat pour Victoire, et contrairement à la signification de son prénom, les défaites sont nombreuses. Elle fait parfois un pas en avant, en se rendant à la pré-rentrée par exemple, pour en faire aussitôt trois en arrière – submergée par la foule, elle sèche pour aller vite se réfugier dans son appartement.

Aux côtés d'Oscar, elle va pourtant trouver une bouffée d'oxygène. Solaire, le jeune homme ne se laisse pas décourager par l'absence de réponse. Il la baptise Roger, par affection et non par moquerie, veille à ne jamais la laisser seule, s'inquiète beaucoup pour elle, s'acharne à établir le contact quand Victoire n'a de cesse de fuir le monde, de fuir la vie. Et puis, désigné comme binôme de Victoire pour un exposé, Isaac va venir progressivement se greffer sur leur duo improbable. Sombre et solitaire, ce dernier semble à l'opposé de tout ce que représente Oscar.

Alors qu'elle se bat chaque jour – et chaque nuit – contre ses démons, Victoire va comprendre qu'elle n'est pas la seule à porter les stigmates d'un passé douloureux. Les deux garçons qui rythment dorénavant ses journées ont eux aussi des souffrances qu'ils taisent, qu'ils vivent à leur façon. Ainsi, Victoire ne parle plus, Oscar parle trop et Isaac se raccroche désespérément aux casquettes bariolées de son ami Marcus pour ne pas disparaître dans le noir. Petit à petit, ils vont chacun apprendre à se connaître, à s'amadouer, à s'entraider. Ils vont apprendre à vivre avec… tous ensemble.

Avec ce premier roman, Alice Posière frappe fort. Pour compenser le mutisme de son héroïne, elle introduit Wilson, le doudou de Victoire avec qui cette dernière converse dans sa tête chaque fois qu'elle a besoin de soutien, de motivation, faute de pouvoir verbaliser son mal-être auprès de qui que ce soit. L'autrice aborde avec beaucoup de sensibilité les thématiques du deuil, de l'anxiété, de la phobie sociale et de l'amitié. Ses personnages louvoient de Charybde en Scylla, car le chemin vers la reconstruction de soi, vers la guérison, n'est jamais linéaire. Les crises d'angoisse qui paralysent Victoire sont parfaitement décrites, tant à travers les stimuli qui les provoquent que dans leurs déroulements, et en cela, je pense que ce livre est apte à faire du bien à beaucoup de jeunes (et moins jeunes) lecteurs. Il brise les tabous autour de la santé mentale, démontre que ceux qui souffrent ne sont pas faibles, mais simplement humains. Comme dans la vraie vie, il n'y a pas de solution magique, et pourtant, on ressort de cette lecture grandis et apaisés, malgré une fin que j'ai trouvée quelque peu abrupte.
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}