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Critique de Henri-l-oiseleur


"Je m'appelle Asher Lev", premier volume de ce diptyque, laissait entendre que le génie créateur de l'homme, ici le peintre Asher, était pour les Juifs pieux de sa communauté un grave problème : il entraîne Asher vers une culture pécheresse, vers un monde et des valeurs dont ils ne veulent pas. Seul le Rebbe, par son ouverture d'esprit, aide et encourage Asher à réaliser sa vocation, sans rompre avec la Torah (à la différence de tant de grands artistes juifs comme Soutine ou Chagall qui firent le choix de l'art contre celui de la fidélité), mais en acceptant la part" démonique" de sa créativité. Dans ce second roman, le vrai personnage principal est en fait le Rebbe : un maître hassidique est par nature un connaisseur de la Cabale, (et même dans ce roman, un magicien), qui sait que le bien et le mal ne s'opposent pas mécaniquement, mais collaborent parfois ou entretiennent entre eux des relations complexes décrites dans le Zohar. Ces relations complexes entre bien et mal seront mises en scène dans ce roman, "Le don d'Asher Lev" : superficiellement, c'est l'histoire d'un père qui semble laisser son fils à sa communauté et au Rebbe, qui semble "sacrifier" son fils, ou "payer de son fils" le droit de quitter le monde hassidique pour faire de l'art. En réalité et en profondeur, Asher renoue avec les racines de son âme et répare le mal commis (en particulier le mal fait à ses parents par son départ et certains de ses tableaux) en confiant (sans l'abandonner) son fils à sa communauté : cet enfant n'est pas un objet passif que l'on manipule, il a des dons innés de Rebbe, de Juste, de dirigeant hassidique, tout comme son père était, par nature, un peintre. Autrement dit, le fils fait le "tikkun" ( la réparation, en termes de Cabale) du père, ce fils né des errances du père, ce fils qui n'aurait pas existé si son père était resté sagement dans sa communauté. Du père artiste qui a choisi l'exil naît l'enfant qui prépare la rédemption. Ce très beau roman annonce "Le livre des Lumières", où le Zohar sert de fil conducteur à toute l'histoire.
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