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Critique de Shaynning


Autant clarrifier tout-de-suite un élément de ce roman à la superbe couverture que voici: ce n'est pas un roman fantastique ni Fantasy, mais on vous laissera planer un léger doute. Cette "Magie" n'est pas au sens stricte, disons-le comme ça. Elle provient surtout des impressions des trois enfants et de la manière de l'un d'entre eux de faire la narration.

Donc, Torsepied est un roman d'aventure un peu obscure de trois jeunes entre 10 et 13 ans, qui ne sont jamais sortis de leur ville maussade à l'usine de dentifrice. Otto, Lucia ( prononcé "Loutchia") et Max, sont les enfants d'un peintre spécialisé dans les têtes couronnées déchues. Leur mère a mystérieusement disparue, ce qui concorde avec le mutisme d'Otto. Dès lors, les spéculations vont bon train et de part l'étrange comportement d'Otto, certaines lui sont attribuées. Un jour, leur père doit partir en urgence et confit ses enfants aux soins d'une cousine vivant à Londres. Sur place, les trois jeune gens constate son absence. Plongés bien malgré eux dans un début d'aventure, ils décident de se rendre à Somnol-sur-Mer, où vivrait leur tante. Haddie s'y trouve bel et bien, habitant temporairement une folie, une version enfantine du château qui le jouxte, le très laid château Torsepied. Entre un taxidermiste mystérieux, les secrets de la folie et cet entité inconnue qui hante la forêt, les trois enfant auront de quoi faire. Surtout qu'ils se sont mit en tête une idée habérante qui pourrait leur donner la clé du mystère entourant leur mère.

Ce roman a une formule narrative que je n'avais jamais vue: ici, c'est l'un des personnages, l'un des enfants Cherchemidi, qui écrit leurs aventures et qui s'adresse souvent à nous. Mais on nous le dit d'emblée: "Ne vous casses pas non plus la tête" à savoir "qui" écrit, indique le narrateur. Et en effet, on le sait assez vite: il s'agit du seul personnage qui ne quitte jamais le cadre de l'histoire et qui est aussi le/la seul(e) à partager ses états d'âme. Accessoirement, et comme il/elle le mentionne, c'est le personnage qui est le/la seul(e) a lire beaucoup de romans. On peut donc rapidement deviner, si on est moindrement attentif. Et j'ajoute que ce personnage se défend beaucoup lui-même durant le roman, ce qui ajoute au doute que l'on peut cultiver à son endroit.

On a des airs de déjà-vu tout-de-même, ne serait qu'avec cette couverture ( réellement superbe!). On dirait un portrait de Mercredi Adams aux côté d'Artemis Fowl. Notez cependant que ce qui est réellement intéressant sur cette couverture est cette mystérieuse paire de jambes dans l'arbre. le chat s'appelle Chester, en référence au chat de Chester de "Alice aux pays des merveilles", comme expliqué dans l'histoire. Il a plusieurs particularités physiques, comme une cinquiène patte et plusieurs doigts en surnombre. Pour sa part, Otto, le grand blond au foulard noir, me rappelle un personnage, mais je ne parviens pas à me souvenir de qui. La couverture donne également le ton: sombre, sobre, avec des personnages sans sourire et très sérieux malgré leur jeune âge. Je comprend que certains leur trouve des airs similaires à la fratrie Beaudelaires. Leurs aventures sont également assez sinistres.

Fait étonnant, il n'y a pas de magie comme on aurait pu s'y attendre, mais tout est si hors-norme en ce qui le concerne que c'est presque tout comme. Leur maison, leur attitude, leur père, la disparition de leur mère, la folie de leur tante ( dans le sens du bâtiment) et la mystérieuse histoire de Torsepied sont autant de raisons de douter de leur "normalité".

Le titre sera resté un mystère pour moi durant la moitié du roman. Pourquoi "Torsepied?" Je dois avouer ne pas avoir vu ce mot sur la quatrième, du coup, ce terme me semblait réellement sorti de nul part et pour cause, on en entendra parler très loin dans l'histoire, soit vers la moitié du livre.

Du reste, c'est un très bon roman, vraiment très écrit, rempli d'élément mystérieux à souhait et soutenu par nulle magie, ce qui est en soit génial. La "folie" m'aura évoqué ce village miniature pour enfant du musée de la Civilisation d'Ottawa, où tout était à l'échelle des enfants dans ses plus infimes détails et ce, en version village! L'histoire du fils Torsepied, pour sa part, m'aura évoqué celle du petit garçon défiguré caché des autres enfants dans le film espagnol "L'Oprhelinat". C'était un calvaire de naître avec des syndromes et des maladies à une époque, car elle prenait alors une dimension punitive. On les tenait alors à l'écart, on les ostracisait et souvent, on les considérait avec moins d'égards encore que s'ils eut été des animaux. C'est d'ailleurs un peu ce que vivent les Cherchemidi avec leur frère Otto, qu'on soupçonne d'avoir tué sa mère, du simple fait d'être hors-norme.

Petit détail concernant les enfants Cherchemidi: je commence à trouver que les enfants d'Angleterre sont très souvent "froids" entre eux. Ils ne se touchent presque jamais, ne se collent pas beaucoup, ne se réconforte pas souvent, voir pas du tout. Ils sont sévères et sérieux, très "matures". J'ai souvent eu l'impression d'avoir plus affaire à de jeunes ados que de vieux enfants.

J'ai par ailleurs beaucoup aimé Haddie, une adulte qui a gardé son coeur d'enfant. Son imagination et sa façon de ne pas se prendre au sérieux avait quelque chose de réconfortant, surtout avec trois enfants aussi froids. Elle nous apprend justement qu'il faut savoir gardé l'esprit ouvert aux folleries, à l'inattendu et à la créativité, autrement, la vie devient morne, sérieuse et terne. En tant que libraire jeunesse, je lui donne bien raison. L'exploration, l'aventure et la surprise sont autant de façon d'ouvrir son esprit au monde et à ses beautés.

Je suis donc assez agréablement satisfait devant ce roman un brin sinistre, mais je dois avoué que la fin est un peu abrupte. Par contre, le final est bien trouvé. le fond est peut-être déjà exploité ailleurs, c,est surtout sa forme qui surprend. Aussi, je précise qu'il est rare en jeunesse d'avoir ce genre de fin qui oscille entre deux états. Ce n'est ni une fin heureuse, ni malheureuse. Elle est néanmoins porteuse de vérité et permettra sans doute aux enfants Cherchemidi d'aller de l'avant, du moins, on leur souhaite.

Un livre singulier, assez typiquement anglais, rempli de détails assez nouveau ( pour moi) et qui se démarque avec son style narratif très inclusif légèrement teinté d'humour. Une histoire sur la famille, la fratrie, le désir d'aventure et de nouveaux espaces et de recherche de vérité.

À voir!

Pour un lectorat de 10-12 ans, plus adapté à mon sens pour les "gros lecteurs", ceux qui ont l'habitude des livres, parce que celui-ci est plutôt épais et d'une écriture plus soutenue que la moyenne.
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