Sur le chemin de l'aéroport, je regarde les gens : les jeunes, les vieux, mais surtout les très vieux.
Mon regard s'arrête sur chacun d'eux lorsqu'une chanson me revient en mémoire. C'est une ode à la tolérance. Jean-Jacques Goldman en a écrit les paroles.
Cette chanson me trotte dans la tête et persiste à m'interroger :
Et si j'étais né en 17, à Leidenstadt,
sur les ruines d'un champ de bataille,
aurais-je été meilleur ou pire que ces gens,
si j'avais été Allemand ? (...)
Les conflits entre Partis sont au moins résolus puisqu'il n'en reste plus qu'un : Le Parti Socialiste des Travailleurs Allemands !
Hitler, élu "Homme de l'année" par le Times Magazine, prend les pleins pouvoirs, et les Allemands se suicident en adhérant, de gré ou de force, à sa politique totalitaire.
(novembre 1938)
Voilà, elle y est. Dans sa rue. Elle marche le long des carcasses d'immeubles vers le sien. Elle s'interdit de penser au temps où sa ville était féconde, fière et vigoureuse ; le temps où la fontaine, là-bas tout au fond, faisait jaillir une eau fraîche, claire et pure dans les bouches gourmandes des enfants. Il n'y a plus d'eau (les canalisations sont arrachées) et plus de fontaine, seul un morceau de la vasque signale que là, avant le délire des hommes, son peuple venait s'abreuver et s'asseoir pour écouter les vieux raconter leurs histoires.
Moi dont je ne sais rien, je sais que j'ai les yeux ouverts à cause des larmes qui coulent sans cesse.
Samuel Beckett, l'Innommable