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Critique de JeffreyLeePierre


Dépêchez-vous, il n'y en aura pas pour tout le monde : cette intégrale a été tirée à 7000 exemplaires numérotés. Et ce serait dommage de s'en passer. (Apparemment, la revue Frontera dans laquelle sont parus les épisodes tirait à 250 000 exemplaires dans l'Argentine des années 50, les temps ont changé.)

Rions un peu : chapeau bas au traducteur, le héros éponyme est souvent affublé par ses comparses du diminutif "Ticon". J'imagine que c'est fidèle à l'original, mais ce n'est pas très heureux dans la langue de Brassens...

Pleurons maintenant : les planches originales sont presque toutes perdues, et il a fallu reprendre les exemplaires de la revue les moins pourris par le temps pour réaliser cette intégrale. du coup, malgré le soin apporté à l'édition, les pages ont un rendu un peu flou qui fait qu'on perd un peu de la magie des planches de Hugo Pratt. J'ai par ailleurs trouvé un article fort intéressant sur d'autres manipulations réalisées par les éditeurs ( https://www.aaapoumbapoum.com/blog/menues-trahisons-de-luvre-dhugo-pratt-ticonderoga ), mais celles-ci ne se voient pas lors d'une lecture "normale".

À part ces détails, on tient là une oeuvre de jeunesse dans laquelle Hugo Pratt est déjà en possession de tous ses moyens. le trait est un peu plus fouillé que pour les Corto Maltese, mais il y a déjà de splendides simplifications et économies de traits, associées à de larges bandes noires, qui font davantage ressembler les cases à l'aquarelle qu'au dessin de BD.

L'histoire (écrite par Hector Oesterheld, qui avait lancé la revue et écrivait TOUS les scénarios de toutes les histoires qu'elle contenait) progresse par épisodes, avec d'immanquables cliffhangers en fins d'épisodes, c'est rafraichissant. Et il y a ce refus du manichéisme qui fait qu'il n'y a pas de véritable méchant dans cette guerre de la fin du XVIIIe siècle dans laquelle les Anglais (dans le camp desquels sont nos héros) et les Français se disputent le Nord-Est Américain en embrigadant les différentes tribus indigènes. de même, le narrateur, le jeune Caleb compagnon de Ticonderoga, pointe lui-même ses propres défauts, principalement sa candeur dès que le joli nez retroussé d'une demoiselle entre dans le champ et son côté fanfaron (souvent inspiré par lesdites demoiselles) qui le place ensuite dans des situations délicates. Parce que c'est principalement un récit d'aventures de coureurs de bois peuplés par des indiens agressifs (mais néanmoins nobles et loyaux pour la plupart).

Bref, c'est charmant, c'est inspiré, c'est beau, c'est indispensable.
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