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Critique de ErnestineRadioconducteur


Nous connaissions l'art de la guerre de Sun Tzu, voici la guerre de l'art de Steven Pressfield dont j'ai découvert l'existence dans une video You Tube, il y a fort longtemps.

La video disait: Plus vous avez de résistance, de peur pour faire quelque chose, plus ça vous rend malade, plus c'est ce qu'il faut faire en premier, c'est ce qui est le plus important et elle ne dévoilait pas les astuces qu'il donnait pour passer à l'action. Bien sûr ça a fait sens pour moi.

J'étais en maitrise de droit des affaires et j'avais un job étudiant quand j'ai trouvé un livre qui traitait des méthodes de travail. Je croulais sous le travail quand j'ai encore investi du temps et de l'énergie à le lire, dans l'espoir que ça m'aide, quand j'ai appris l'existence du mot procrastination.

Ca fait trois ans que j'ai commencé à lire la guerre de l'art et que j'aurais du le classer dans abandonné car ma résistance à moi est la langue. Il est écrit en Anglais. Ne serait-ce que pour comprendre les paroles de chansons, il me manque quelques éléments et le plus souvent je cède à la traduction du site la coccinelle du net.

N'est-ce pas ironique trois ans de procrastination pour lire un livre sur la procrastination? Et encore, c'est parce que j'ai abattu toutes les autres tâches qui trainaient indéfiniment grâce au confinement.

Là, je ne pouvais plus reculer. Je me suis dit que si je n'avais pas tout terminé à la fin du confinement, c'était sans espoir pour moi. Je voyais bien que le monde se divisait en deux catégories: ceux qui exploitaient ce temps à fond et ceux qui tentaient de rire de leur oisiveté, de leur laisser-aller sur les réseaux sociaux. Ca ne me faisait pas rire.

J'ai fait beaucoup de travail de minimalisme et ai décidé de me recentrer sur l'essentiel à l'avenir. J'ai choisi, j'ai renoncé, j'ai fait du tri, nettoyé chaque m2 à la brosse à dent, achevé les projets et cessé la photo, le dessin, la couture, le bricolage, le développement personnel, les espoirs déjà bien sur le chant et le ukulele... Je n'ai pas allumé la télé une seule fois.

Je garde mon travail, ma routine quotidienne ménage et salle de sport, lecture, les concerts, l'écriture. Peut-être l'amour mais c'est encore à voir, vu que je viens de sortir d'une obsession amoureuse j'aimerais profiter d'avoir enfin l'esprit libéré.

J'ai enfin lu ce livre au moment où je n'en ai plus vraiment besoin, en somme. J'ai trouvé des éléments intéressants et j'en étais moi-même venue aux même conclusions sur le " suck it up" des Américains parce que j'ai passé ma vie à croire que la passion viendrait et que je bosserai comme une dingue sans efforts et en fait je crois vraiment que ça existe pour certaines personnes mais pas pour moi.

Moi, je me lance dans un truc à fond, je vois ce que c'est et pendant quelque temps d'avoir cette obsession jour et nuit et de kiffer et quand je commence à le maitriser, je passe à autre chose. Comme mon père et comme ça, et n'achève jamais rien je me force comme une dingue pour aller jusqu'au bout jusqu'à ce que je m'en dégoûte. Bah voilà, il faut choisir et aller jusqu'au bout du dégoût et au-delà et ne jamais lâcher.

Première partie, il parle de la résistance. La résistance vous empêche de vivre la vie que vous voulez son but est de vous enterrer.

La résistance touche aux domaines de la santé, de la création artistique, de l'entreprenariat, du mariage et des enfants, de l'avancement spirituel, du courage politique...

Elle ne va que dans un sens. Pour lui elle vous donne un laissez-passer lorsqu'il s'agit de laisser tomber l'organisation mère Thérésa pour aller faire du marketing.

Elle prend des visages insidieux. Là, c'est original. le premier exemple qui me vient à l'esprit est le ménage. Je n'aime pas le ménage, je me force mais quand j'avais des révisions pour les partiels, il fallait absolument que je fasse plus et plus de ménage plutôt que de me mettre à réviser. Bonjour procrastination et résistance. C'est ainsi que je suis devenue le rat de bibliothèque que je suis aujourd'hui. Je laissais mon appart en l'état pour arriver à la bibliothèque à une heure donnée comme si j'allais en cours et le temps de trajet dont j'aurais pu me passer est largement rentabilisé comparé à l'hypothèse de rester à la maison. Un grand classique.

Steven lui, parle de beaucoup d'autres visages: le sexe, les drogues, le shopping, la masturbation, la TV, les potins, alcool, matières grasses, sucres mais aussi se créer des faux problèmes, des maladies imaginaires, la peur, mais aussi le soutien des autres: les cajoleries nous affaiblissent, la rationnalisation(la peur se cache, sinon la honte la combat et on se met au boulot. Pour se cacher la peur met au point des justifications plausibles pour ne pas faire notre travail) et même la guérison. Quand je serai guéri, je m'y mettrai...

La solution est de s'y mettre E VI DEM MENT. On n'avait pas besoin d'un bouquin pour le savoir mais reconnaitre ses visages fait avancer. Pour lui, il faut devenir un professionnel avec toutes ses caractèristiques.

C'est la deuxième partie du livre.

"L'amateur suit l'appel par amour le professionnel pour de l'argent."
"Le professionnel aime tellement qu'il y consacre sa vie. Il s'y engage à plein temps."

Il visse son cul à sa chaise et il écrit. L'inspiration viendra. Il n'attend pas l'inspiration pour s'y mettre. A ce moment il se sent comme une merde il voudrait qu'on l'achève. "les années m'ont appris une compétence: comment être misérable"
"le professionnel se tait [...] il affronte la peur, n'accepte pas d'excuse,[...] sait que la peur ne peut jamais être surmontée et sait qu'il n'y a rien de tel"

Le professionnel ne prend rien personnellement.

Le professionnel est humble, il un médium de la Muse pas un créateur.

Il tient en ordre pour accueillir la Muse.

Là on va en l'encontre de ma procrastination excuse ménage mais encore au-delà... Il faut croire que ma Muse est du genre farceuse. Je ne suis jamais aussi inspirée que quand je dois faire des tâches ménagères et que je n'en ai pas envie. Toutes les deux minutes, il faut que je m'interrompe pour noter des vers.

La partie 3 a une dimension mystique avec les anges et la muse... Moi j'aime beaucoup l'idée de magie, métaphoriquement, bien sûr mais lui ne plaisante pas. Cependant il écrit que si l'on n'est pas à l'aise avec ça on peut le remplacer par notre "talent hérité"

Sur la magie, il dit que lorsque l'on est prêt à accueillir les anges et la muse il se passe des choses extraordinaires, tous les moyens sont mis en oeuvre pour vous aider.
J'ai une anecdote qui date de vendredi en fin d'après-midi. Dans ma tête, j'avais déjà zappé la salle de sport et je regarde une vidéo you tube intitulée "travaille" A un moment je la mets sur pause et le pc sur veille je ne me change pas, je prends mes affaires et je pars à pieds parce qu'il aurait fallu que je regonfle un peu les roues du vélo etc... et en chemin je m'aperçois que je n'ai rien pour attacher mes cheveux et là ça va être galère pour faire quoi que ce soit vu la longueur, j'en ai fait l'experience l'an dernier... A ce moment précis, je vois un elastique pour les cheveux parterre et de la même couleur que mon T-shirt de sport.

J'ai une autre anecdote sur la magie. Les poèmes me viennent assez facilement depuis que ma grand-mère est morte qui elle même n'a appris à lire qu'à l'âge adulte et écrivait des poèmes.

Pour ma part, l'inspiration vient toujours au moment où il ne faut pas et c'est ensuite qu'il faut que je visse mon cul à la chaise, y mette le temps qu'il faut en me sentant misérable et mette un grand coup de pied pour finir.

J'ai beaucoup aimé ce qu'il écrit, par exemple sur la hiérarchie et l'artiste.

Je m'interroge. Comment distinguer la procrastination qui signifierait qu'on touche à ce qui nous tient profondément à coeur et celle qui dit qu'on est précisément là il faut se forcer parce qu'on exactement au coeur de ce qui ne résonne pas profondément en nous.

J'ai commencé à lire Martin Eden à la laverie avant de rejoindre une copine pour une soirée. Je n'avais pas envie de le lâcher mais je m'étais engagée. Après cette soirée, je me suis sentie vide et j'avais hâte de reprendre ma lecture. Je me suis désistée pour la soirée suivante qui n'était autre que celle du Nouvel An parce que je n'allais manquer à personne. J'ai passé sept heures à lire après une journée de travail et un manque de sommeil de la soirée de la veille. Zéro procrastination quand il y a passion.
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