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Critique de chartel


Longtemps j'ai couché mes enfants de bonne heure pour retrouver sans tarder A la Recherche. Un temps long, en effet, puisque j'ouvris le premier livre de l'oeuvre il y a un peu plus de dix-huit mois. Si ma lecture des premiers livres était entrecoupée souvent par quelques passades pour d'autres auteurs, elle n'en restait pas moins régulière et fidèle, permettant une immersion nécessaire à une juste appréciation de l'évolution et du parcours des nombreux personnages, qu'ils soient du côté de Méséglise ou du côté de Guermantes. Ce ne fut pas le cas pour ce dernier livre. J'ai probablement eu tort de laisser un espace de temps assez long entre Albertine disparue et le Temps retrouvé . J'avais, à cause de cela, oublié que tel ou tel apparaissait déjà dans un récit antérieur, au cours d'une réception chez le duc de Guermantes ou à La Raspelière en compagnie des Verdurin. Mais, alors que ma difficulté à traverser le long fleuve intranquille d'A la Recherche, sous l'assaut des remous et des courants divergents, commençait à m'épuiser et à me faire lâcher prise, j'ai petit à petit repris mon souffle en retrouvant chez de nombreux protagonistes les instants partagés auprès d'eux durant mes tardives lectures. Et c'est alors qu'arrivé aux abords de l'autre rive, ma perception du temps à sensiblement changée, ce dernier ayant ainsi acquis, à la faveur des descriptions proustiennes du temps intérieur toujours changeant enfouis en chacun de nous, une troisième dimension. Mais au-delà de cette matérialité du temps retrouvé à travers ses observations mémorielles ou présentes, A la Recherche est aussi un hommage à la littérature, en prouvant qu'elle n'est pas qu'un simple passe-temps, que ses buts, bien au contraire, sont plus profonds et capitaux, dont ce dernier n'est sûrement pas le moindre : la littérature donne à son lecteur, non seulement la possibilité de vivre avec son temps, mais aussi, nécessairement, le temps de vivre.
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