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Critique de SophieLesBasBleus


Merci, merci, merci, mille mercis à Babelio et à Gallimard-Jeunesse pour cette Masse critique privilégiée qui fut mon étincelant cadeau de Noël !

"A la croisée des Mondes", la première trilogie, m'avait fait découvrir Lyra Parle-d'Or et l'univers fascinant créé par Philip Pullman. Quatre lustres après cette découverte, je garde un souvenir notable de cette lecture. C'est vous dire avec quel appétit et quelle curiosité je me suis plongée dans "La Communauté des Esprits", Livre II de la "Trilogie de la Poussière" poursuivant et complétant les aventures de Lyra !

Je craignais un peu d'être perdue, n'ayant pas lu le Livre I, mais la note de l'auteur en début d'ouvrage, donne suffisamment d'éléments sans rien trahir de l'intrigue, pour renouer les fils sans peine. En outre, le roman est si riche, si dense, que l'on peut parfaitement le lire indépendamment des autres (mais sincèrement ce serait grand dommage de se priver d'un tel régal !).

Voici donc Lyra Benacqua, renommée Lyra Parle-d'Or au cours de ses précédentes aventures, tant, pour parvenir à ses fins, elle sait envoûter son auditoire, quel qu'il soit, par des histoires inventées, imaginées et racontées avec la force de la conviction. Lyra a maintenant vingt ans et étudie au collège Sainte Sophia d'Oxford, toujours accompagnée de Pantalaimon, son daemon. Dans le monde de Lyra aucun humain ne peut vivre sans son daemon, extension de chaque être, qui prend une forme animale rappelant le trait de caractère dominant de son humain. L'existence de l'un est mutuellement indissociable de l'autre.

Mais voilà que la symbiose ente Pantalaimon et Lyra a disparu. Ils ne se comprennent plus, ne se connaissent plus, ne se parlent plus. En un mot, ils ne s'aiment plus. Bien pire, ils sont capables maintenant de se séparer et de vivre l'un sans l'autre. Une situation abjecte et terrifiante pour le reste de la société. Pantalaimon reproche à Lyra de "manquer d'imagination" et de ne penser et n'agir désormais que selon des principes uniquement rationnels et scientifiques. Un changement profond dans la personnalité de la jeune fille qui l'amène à mettre en doute la réalité des daemons, mais aussi à renier tout un pan de son univers, et une situation insoutenable pour Pantalaimon. Cette discorde intervient alors que le contexte politique et religieux s'assombrit et que les libertés sont de plus en plus menacées par un retour de l'orthodoxie religieuse et une prise en main dictatoriale du gouvernement.

Une nuit, après une dispute plus violente que les autres, Pantalaimon part en quête de l'imagination de Lyra. Celle-ci n'a d'autre choix que de se lancer à la recherche de son daemon, cette part d'elle-même qu'elle a perdue. Aidée par Malcolm, un professeur qui lui a déjà sauvé la vie, par le mystérieux service d'Oakley Street et par des bateliers rebelles, Lyra voyage jusqu'en Asie centrale, affrontant de multiples dangers, pour retrouver Pantalaimon.

Résumer un tel roman relève de la gageure, tant son architecture est à la fois complexe et claire, profondément signifiante mais sans jamais être transparente. Comme Lyra, le lecteur s'enfonce dans une histoire dont il ne détient que quelques clés sans savoir quelles portes elles ouvrent, dans un monde parallèle au nôtre et qui lui ressemble par bien des côtés. Les questions philosophiques, religieuses et sociales innervent un réseau d'intrigues haletantes qui stimulent aussi bien l'imagination que la réflexion. C'est vraiment du grand art !

Cohérence du fond et de la forme, richesse des interprétations possibles, inventivité, style, etc. on peut cocher toutes les cases de l'oeuvre littéraire pleinement aboutie. Evidemment je vais m'empresser de lire le Livre I, de relire la précédente trilogie... et d'attendre avec impatience la publication du Livre III !

Et si vous ne connaissez pas encore Philip Pullman, foncez ! (La série "Sally Lockhart" est également un bonheur à découvrir !)

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