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Critique de Bigmammy


Je n’ai lu aucun précédent livre ni de Yann Queffelec, ni de cet autre écrivain célèbre qui lui a donné et pourri la vie : son père Henri, universitaire et auteur estampillé breton dès le lendemain de la seconde guerre, pupille de la Nation et ancien élève de la prestigieuse Ecole Normale Supérieure, né en 1910, comme mon papa titulaire du seul Certificat d’Etudes Primaires mais qui savait nous aimer avec passion.

Yann, de son vrai prénom Jean-Marie, est un de mes quasi-contemporains puisque je ne suis son aînée que de trois ans. Cette enfance parisienne, c’est donc aussi mon enfance qu’il raconte, avec ses modèles de voitures – la spécialité de son frère aîné Hervé dit Bouéboué - son mobilier emblématique – le tourne-disques Pathé-Marconi – ses nombreux déménagements – au gré des succès littéraires de ce père psychorigide, égocentrique et mal aimant. Une enfance plus intellectuelle et plus bourgeoise que la mienne, certainement pas aussi heureuse.

Yann, surnommé «p’tit vieux », à l’impression permanente de s’être trompé de famille : toutes les louanges paternelles vont à son grand frère. Il a la mauvaise place, celle du cadet. Sa sœur s’en sortira grâce à la musique. Le petit dernier, Tanguy, jouit de la place de petit dernier. Yann s’efforce d’exister : mauvais résultats scolaires, mensonges – de toute façon, son pervers de père lui donne toujours tort – et un exutoire privilégié : la mer. Heureusement, il peut compter sur l’appui indéfectible de sa mère, l’héroïque Yvonne qui coupe ses Gauloises en deux pour les fumer la bouche en coin, mais qui disparaît alors qu’il n’est qu’adolescent. Pour son père, il restera toute sa vie un incapable, la honte de la famille … rien à en tirer. Sacré handicap pour un homme. Jusqu’à ce qu’il se mette, lui aussi, à écrire et à publier à l’âge de 32 ans. D’abord une biographie de Belà Bartok (en 1981), puis un premier roman, puis « Les noces barbares » en 1985, pour lequel il obtient le Prix Goncourt.

Son père ne le lui pardonnera jamais. Lui qui pourtant est lauréat du Grand Prix de l’Académie française depuis 1958, jamais ne lui dira ce qu’il pense du roman de son fils, si tant est qu’il l’ait jamais lu … C’est de cette immense incompréhension dont il est question dans ce récit tendre, plein de regrets, d’occasions manquées, d’amour filial – quand même - de la difficulté infinie de vivre dans l’ombre d’un surdoué – sauf pour l’amour paternel – qui continuait à se baigner dans l’eau glacée à plus de 80 ans … et qui succomba à un infarctus le 13 janvier 1992.

Après 23 romans et bien d’autres ouvrages, le fils écrivain reconnu se libère de l’emprise maléfique de son père. C’est un texte émouvant, drôle et sincère … qui me conforte dans l’impression depuis toujours mienne que nous, parents inconscients, exerçons une influence majeure, bonne ou mauvaise, ou les deux à la fois, sur nos enfants. Qu’ils nous pardonnent !



Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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