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Critique de metreya


Dans l’introduction de son ouvrage, l’auteur nous précise que le seul compositeur à s’être inspiré de cette musique étrange des sons naturels fut Antonin Dvorak qui composa un quatuor à cordes, le n°12, en prenant des « notes » des oiseaux qui peuplaient les arbres et les roselière du révérend Cheney. C’est donc peu dire que le vénérable ecclésiastique n’eut que très peu d’audience. C’est en particulier ce que rapporte le court ouvrage : c’est la fille du Révérend, Rosemund, vieille fille professeure de chant, de piano et de violoncelle, qui publia à titre posthume les pages et les portées que son père avait noircit en transcrivant les sons quotidiens qu’il entendait dans son jardin, dans sa maison, dans sa tête.
Ecoutez les premières notes du quatuor de Dvorak, et vous entendez bien les oiseaux qui pépillent. C’est la musique naturaliste, celle qui avait déjà été mise à l’honneur par exemple par Vivaldi.
Mais en fait le livre de Pascal Quignard n’est pas un livre de musique ou même un livre de musicien. On entend très peu les sons. C’est avant tout un livre d’un amour figé par la mort, celui que le révérend Cheney portait et porte toujours, jusqu’à sa propre extinction, à son épouse chérie, Eva Rosalba, morte en couches à 24 ans en donnant naissance à sa fille Rosemund.
Durant leur mariage très court, la jeune épousée passait son temps dans son jardin, le jardin de la cure, qu’il vente, qu’il neige, elle était toujours dehors. Pour honorer la mémoire de sa défunte, Cheney décide de passer aussi du temps dans le jardin et surtout d’y écouter les sons, les bruits qui lui rappellent son amour perdu.
La fille née de cet amour, le révérend la chasse une fois adulte, car elle lui rappelle trop sa mère, qui elle n’a pas survécu. Elle devient professeure de musique. La vie du révérend tourne alors autour de deux obsessions : son épouse morte et la musique qu’il écrit et qu’il tente de faire publier, sans succès.
Voilà pour l’histoire, la trame. Mais ce n’est absolument pas le plus important dans le livre de Pascal Quignard. Le plus important et le plus déroutant est la forme. Le livre est court, 170 pages. Ce n’est pas à proprement parler un roman, c’est plutôt un livre qui déambule entre la poésie, le théâtre et le scénario. Les chapitres sont en réalité des scènes, avec très peu de personnages, dont le révérend Cheney, sa fille, le fantôme de sa femme et un récitant. Le passage des dialogues entre chacun des personnages n’est pas évident à suivre pour le lecteur.
La forme peut être très décourageante, très difficile à aborder. Ce fut le cas pour moi. Au final, je ne saurais dire si j’ai aimé ou non ce livre, petit et étrange, parcouru d’une mélancolie dépressive et d’une tristesse profonde. La mort, l’abandon, la solitude sont bien plus présentes que la musique, la joie qu’elle peut procurer, la sensibilité qu’elle amorce. De toute façon, ce livre fait partie d’une œuvre plus large que ce simple moment de littérature et il est à considérer dans cette globalité, celle d’un homme qui écrit et qui construit petit à petit sa propre musique.
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