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EAN : 9782246813354
176 pages
Grasset (03/05/2017)
3.66/5   91 notes
Résumé :
Le révérend Simeon Pease Cheney est le premier compositeur moderne à avoir noté tous les chants des oiseaux qu’il avait entendus, au cours de son ministère, venir pépier dans le jardin de sa cure, au cours des années 1860-1880. Il nota jusqu’aux gouttes de l’arrivée d’eau mal fermée dans l’arrosoir sur le pavé de sa cour.
Il transcrivit jusqu’au son particulier que faisait le portemanteau du corridor quand le vent s’engouffrait dans les trench-coats et les pè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Texte hybride, alliant théâtre et récit, écriture sublime.

C'est Peau d'âne dans une version moins féérique : un père chasse sa fille unique, lorsqu'elle atteint l'âge de sa mère à son décès, en suite de couches. La jeune femme est une image en miroir de ce que fut sa mère et la souffrance est trop profonde pour l'homme.

C'est en reclus qu'il va se consacrer à une tâche pour le moins originale : transcrire en musique les sons du jardin, de ce jardin qui fut celui de son épouse. Immortaliser les sons quand le visage aimé n'est plus visible et chasser l'incarnation de l'aimée qui redonne vie à la défunte et détruit le souvenir volontairement figé.

C'est un texte profondément poétique, lent ,lourd des chagrins portés, simple dans sa forme et complexe dans ses émotions, alternant des dialogues de théâtre et un récit. Et le résultat est une musique qui se substitue à celle que l'auteur évoque et que l‘on entend pas, celle que le révérend tente de capturer dans son décor, pour combler le vide d'une absence mortifère.


Le texte est court et c'est tant mieux car un développement plus étoffé sur le même mode eut constitué un risque de décourager le lecteur.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Je ne connaissais Pascal Quignard, écrivain prolifique, que par l'adaptation magnifique au cinéma de son roman « Tous les matins du monde ».
J'ai découvert il y a quelques années sa production romanesque par « Les escaliers de Chambord » un roman présent dans les livres de la bibliothèque de mes beaux-parents( «héritage » si précieux que nous nous sommes partagé).
Je n'avais pas vraiment apprécié ce roman qui décrit l'histoire un peu froide d'un homme collectionneur d'objets anciens.
Mais comme il m'est arrivé que la première lecture d'un auteur ou d'une autrice ne m'ait pas plu, et pourtant que depuis elle, ou il, fasse partie de mes préféré(e)s, ainsi en est-il de Marguerite Duras, ou de Dostoïevski, je me suis tourné vers ce roman, dont le thème, un pasteur transcrivant les chants des oiseaux et autres bruits de son jardin, m'attirait.

Hélas, une nouvelle déception. Ce roman, que l'auteur a voulu présenter sous une sorte de forme de Théâtre de No, parle essentiellement d'un homme, Simon Pease Cheney, accablé par le souvenir de sa femme Eva morte à 24 ans en accouchant de sa fille Rosemunde, peu tendre avec sa fille qu'il chasse parce qu'elle lui rappelle sa chère femme. Et de musique des oiseaux et des bruits du jardin ou de la maison, on n'entendra rien ou si peu.

À nouveau, désolé pour l'auteur, j'ai trouvé l'histoire et le mode de narration froids et aussi un peu artificiels.
Faudra-t-il que j'essaie un autre titre, tel « Tous les matins du monde », ou « Les ombres errantes », roman pour lequel l'auteur a reçu le Prix Goncourt.
Ou bien considérer que, comme « chaque lecteur est quand il lit, le propre lecteur de soi-même », l'oeuvre de Quignard ne fait pas écho à ce que je ressens et j'attends, et qu'une nouvelle tentative ne sert à rien.
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Amour exacerbé qui fait aimer le passé plus que le présent, la morte plus que sa descendance. Le passé perpétué dans ce que l'être disparu a vu, touché, entendu, senti dans ce jardin qui était son refuge, son paradis sur terre.

Amour exacerbé au point de convier son fantôme dans des chimères déraisonnables. Au point de chasser la fille culpabilisée de la mort de l'accouchée. Au point de convertir en notes de musique, sur le vieux piano de la maison, le chorus de tous les bruits qui témoignent de la vie. De sa vie.

Je n'ai pas été séduit par cette poésie moderne qui glorifie un amour égoïste au point de culpabiliser l'innocence. Au point de fermer son cœur à tout autre.
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Pascal Quignard est un écrivain français né en 1948. Il a reçu le prix Goncourt en 2002 pour son roman « Les ombres errantes ». Après avoir écrit « Tous les matins du monde » qui a enchanté les lecteurs et relancé la musique baroque auprès d'un public qui ne l'avait guère fréquentée, grâce à l'adaptation cinématographique, il relate un autre musicien du XIXème siècle : le pasteur Simeon Pease Cheney.
Ce dernier meurt en 1889 après avoir vécu dans un presbytère avec sa fille dans l'Etat de New-York. Sa particularité est de transposer le chant des oiseaux en partitions grâce à une oreille absolue lui permettant de décrypter les sons tel que le vent qui s'engouffre autour du presbytère, dans les feuillages du jardin de sa cure.
Son épouse défunte avait fait de ce lieu un émerveillement, une embellie de ses mains laissant des souvenirs enchantés. le compositeur ne vit que pour ces oiseaux et leurs chants et reste obsédé par le souvenir de sa conjointe éteinte. Rien ne peut le distraire de sa passion même pas son propre enfant.
Un récit à trois voix, celle du narrateur, du pasteur et celle de sa fille Rosemund, est mis en scène comme une pièce de théâtre au scénario très explicite.
Cette forme scénarique de l'écrit m'a beaucoup plu. le talent de Pascal Quignard nous donne à ressentir l'ambiance monotone, l'atmosphère pesante, les sons et surtout les silences qui ont animé une vie austère et linéaire.
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Partitions des oiseaux . « Wood Notes Wild, Notations of bird Music, Boston. 1892. » « Even inanimate things have their music »... Mélodie de la goutte d'eau. Que serait le quator à cordes N°12 de Dvorak sans le travail de Simeon Pease Cheney ?.. Que serions nous si nous devenions un jour incapable d'entendre la musique des arbres, des jardins, des chemins, la symphonie des parfums, des oiseaux…, de les rappeler en nous.  « Il est possible que l'audition humaine perçoive des airs derrière la succession des sons de la même façon que l'âme humaine perçoit des narrations au fond des rêves les plus chaotiques ».
« Cet homme noir dans le noir..est celui qui aide les disparus à revenir ». Saisir, noter, reproduire, revivre, renaître. Simeon Pease Cheney...Jean de Sainte Colombe. le lecteur sait qu'il entre dans le jardin des ombres. « Peu à peu la pénombre se défait.Une lumière pâle naît à jardin ». Tel est le monde de Pascal Quignard,.. précis, mélodieux, épuré..lumineux. « « Les oiseaux ne font que répéter les mots que nous avons oubliés » écrit Yôko Ogawa dans « petits oiseaux »... Pascal Quignard nous est essentiel.

Astrid Shriqui Garain
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critiques presse (4)
LePoint
10 juillet 2017
Le révérend Cheney a retranscrit tous les chants des oiseaux qu'il avait entendus. Quignard nous raconte ce compositeur moderne et se livre à travers lui.
Lire la critique sur le site : LePoint
Bibliobs
09 juin 2017
Livre sur la musique d'avant la musique et sur l'éternité de l'amour, «Dans ce jardin qu'on aimait» devrait être bientôt, du moins on l'espère, une de ces performances des ténèbres où, dans le rôle du pasteur des oiseaux, Pascal Quignard, désormais familier des corbeaux, des chouettes effraies et de la scène, devrait être parfait.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
09 juin 2017
C'est une prose chuchotée dans la pénombre, un chant d'adieu où s'éveillent des oiseaux, un tombeau fait de saynètes qui sont autant d'ariettes, tirées de l'oubli. Nous sommes chez Pascal Quignard, qui vient de publier un de ses meilleurs livres.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
17 mai 2017
Pour se distraire, un veuf éploré a composé un catalogue de chants d'oiseaux. Il inspire à Quignard une bouleversante cantate.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
C’est vrai, je suis souvent absent à ce que tu vis. Je vais même te dire, mon enfant, tu es mon enfant mais cela ne m’intéresse pas. Ta vie n’est pas ma vie. C’est elle, ma vie ! Je l’aime. Je ne veux pas rater son souvenir. Je suis sous son regard.
Je ne veux pas laisser mourir sa mort.
Elle était si joyeuse, si déterminée, si indépendante, si puissante.
Si longue, si élancée, si belle !
Je la protège peut-être, tu sais. Je la soutiens.
Tu sais, je pense que je la fais vivre plus longtemps que sa vie !
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" Dans l'étang,

il a jeté sa femme. 

L'époux a fait couler doucement sur l'eau les cendres de celle qu'il aimait,

il a versé son regard,

il a répandu son souffle,

il est monté sur le canot arrimé par une chaîne à la rive,

en élevant sa main il a éparpillé sa vie encore tiède, son corps encore presque intact sur la surface grise au-dessus de l'eau sombre

près de la rame noire.

Les cendres dispersées dans le souffle du soir peu à peu se sont humectées,

lentement, lentement, au contact de l'eau,

puis englouties.

Elles se sont progressivement effacées à l'intérieur de l'eau où les petites ablettes et les petits goujons ont ouvert leurs lèvres.

Ils ont des lèvres curieusement bourrelées et blanches, les poissons.

C'est ainsi qu'une jeune femme aux cheveux bruns, si belle, a disparu sous la surface calme et grise.

Elle venait d'accoucher d'une petite fille

qui est restée seule dans la chambre,

dans son berceau..."
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Elle a relevé ses cheveux sous le chapeau de paille.
Au bout du jardin,
là où croissent les saules, les coudriers mêlés d’aubépine,
là où les pieds trébuchent dans les menthes,
à un mètre ou à un mètre et demi de l’étang,
en présence de la famille,
a été versé l’urne.
Dans l’étang,
il a jeté sa femme.
L’époux a fait couler doucement sur l’eau les cendres de celles qu’il aimait,
il a versé son regard,
il a répandu son souffle,
il est monté sur le canot arrimé par une chaîne à la rive,
en élevant sa main il a éparpillé sa vie encore tiède, son corps encore presque intact sur la surface grise au-dessus de l’eau sombre,
près de la rame noire.
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"Il y a quelque chose du paradis dans le chant des oiseaux. Dieu n'a pas damné les oiseaux dans l'Eden."
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Dans l’étang
il a jeté sa femme.
L’époux a fait couler doucement sur l’eau les cendres de celle qu’il aimait,
il a versé son regard,
il a répandu son souffle,
il est monté sur le canot arrimé par une chaîne à la rive,
en élevant sa main il a éparpillé sa vie encore tiède, son corps encore presque intact
sur la surface grise au-dessus de l’eau sombre
près de la rame noire.
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Vidéo de Pascal Quignard
L'auteur Pascal Quignard a bâti une oeuvre érudite et sensible. Avec "Compléments à la théorie sexuelle et sur l'amour", il poursuit sa réflexion sur la sexualité et la relation amoureuse et nous parle d'art, de masochisme, ou encore de sirènes... Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Les Amants / René Magritte
#amour #litterature #language ______________ Écoutez d'autres personnalités qui font l'actualité de la culture dans Les Midis de Culture par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrrNrtLHABD8SVUCtlaznTaG&si=FstLwPCTj-EzNwcv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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