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Critique de Pachy


« Ce jardin qu'on aimait » était toute sa courte vie. Eva Rosalba Vance Cheney, que son mari, le révérend Simeon Pease Cheney ne peut chasser de sa mémoire. Elle est morte, juste après avoir mis au monde leur fille, Rosemund.

Cet homme sera le premier compositeur à avoir noté (notes musicales) les sons du jardin de la cure ; répertoriant ainsi tous les chants des oiseaux. Aussi le bruit des gouttes qui s'échappent du robinet et qui éclatent dans l'arrosoir à moitié plein ou encore la sonorité du souffle dans les vêtements pendus au portemanteau du corridor.

Pour la nature, cet homme d'église avait délaissé Dieu.

Saint homme. Saint homme qui chassa sa fille arrivée à vingt-huit ans avec des mots très durs. Il la chasse parce qu'il ne supporte pas sa beauté, supérieure à la ressemblante beauté d'Éva. Il la chasse parce qu'elle est morte à cause d'elle en naissant et tuant sa mère. Elle n'emporte que sa valise, un oiseau blessé dans sa cage (un symbole) et les bijoux de sa prime enfance (naissance, baptême, communion).
Mais Rosemund, il l'aime il finira par lui prouver et aura un geste pour elle qui sera à n'en point douter une libération pour lui.

Ne suis-je pas en train de prendre le risque de vous en dire trop ? Une bonne partie constitue la quatrième de couverture. Cette quatrième ne parle pas de la poésie des textes de Pascal Quignard. Sous sa plume toute est douceur ; caresse des mots ; magie des phrases. Est-ce un roman ? Est-ce pièce théâtrale ? Une poésie ? C'est tout cela à la fois. Son écriture ressemblance à son phrasé. Écouter parler Pascal Quignard c'est écouter la nature, c'est se laisser porter par les mots qui sortent de sa bouche.

« Tous les matins du matins du Monde ». Souvenez-vous. Rares sont les personnes qui avaient pas entendu jouer de la « viole de Gambe » pour la première fois lorsqu'Alain Corneau en fit un film. Monsieur de Sainte Colombe, Marin Marais qui entraient, inconnus, dans notre univers. Depuis l'engouement pour cet instrument méconnu est retombé mais nous savons, malgré nous, qu'il existe. C'est là toute la magie de Pascal Quignard : nous amener en douceur à la découverte.
Ce jardin qu'on aimait nous rappelle tant ces matins du Monde « Monsieur de Sainte Colombe ne se consola pas de la mort de son épouse. Il l'aimait. C'est à cette occasion qu'il composa le Tombeau des regrets. ».

Pascal Quignard ressemble à ses livres ou, plus exactement, ses livres lui ressemblent, ses personnages ont sa sagesse et sa voix.
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