Amérique du Sud. Forêt non loin d'un fleuve. Un baroudeur robuste vaque à ses occupations mais, par inadvertance, pose le pied sur quelque chose de mou. Quelque chose qui a la langue en forme de Y et seulement deux dents creuses.
La douleur vive à son pied informe l'homme que la bête, se sentant agressée, l'a légitimement mordu. Cela justifie selon lui un bon coup de machette en travers du corps du plaignant.
Il va falloir faire face à cette injection venimeuse. On habite un trou perdu et inaccessible. Vite, faire un garrot pour éviter que le mal ne se diffuse. Regagner tant bien que mal sa cahute et sauter si possible dans sa barque.
Maintenant, il s'agit de se laisser dériver sur des kilomètres et des kilomètres pour arriver au village ou à la petite ville où l'on pourra s'occuper de sa blessure. Pendant ce temps, supporter vaillamment les affres du venin qui irradie sadiquement à l'intérieur de vous.
Je vous laisse savourer ce moment de brève mais d'intense transpiration. Encore une fois, Horacio Quiroga ne rajoute pas une syllabe de trop, adepte avant l'heure de la méthode de LEAN management appliquée à la littérature.
C'est redoutablement efficace, peut-être un peu sec, mais en tout cas, ça ne peut pas faire de mal de se laisser dériver quelques minutes sur ce fleuve sud-américain. Bien sûr, ce n'est que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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