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Critique de DreamBookeuse


Thibault sillonne les mers pour s'éloigner de ce château qui lui file la chair de poule. Héritier du Royaume de Pierre d'Angle, il préfère de loin la compagnie des marins de L'Isabelle à celle des diplomates et des nobles et s'échappe vers les territoires inexplorés. Mais cela fait bien longtemps qu'il a quitté son Île et peut-être ne sera t-elle plus la même quand il y reviendra.

Ema, elle, n'a qu'une seule chose en tête : fuir l'esclavage et le Royaume de Valadea. Elle embarque clandestinement à bord de L'Isabelle pour un voyage sans retour…qui ne sera pas sans conséquences.

Les deux fuient leur passé, mais pour combien de temps encore ? Alors qu'ils commencent à s'apprivoiser, recherchant chez l'autre la lumière qu'ils ont perdu, ils se dirigent droit vers un destin qui semble avoir été taillé à leur mesure : dévastateur, puissant, entre ombre et lumière.

Mon avis

L'Art du naufrage est le premier tome d'une saga en quatre volume qui s'annonce tout simplement grandiose, magnifiée par un travail éditorial au top et un objet-livre frôlant la perfection (ce bleu me rend toute chose). La collection Epik s'étoffe d'un nouveau roman extraordinaire et histoire de vous spoiler d'emblée : c'est un coup de coeur.

La première moitié du roman est consacrée à cette épopée marine où l'on croise aussi bien des dauphins que des diplomates hypocrites, des esclaves en fuite, que des lumières étincelantes habillant les mâts. Non exempte de beauté, elle nous permet de nous immerger totalement dans un récit où complots politiques et mystères audacieux ont toute leur place. On en apprend davantage sur les différents Royaumes et sur l'île de Pierre d'Angle, à part entière, où il n'y a jamais eu aucun conflit. C'est également dans cette première moitié que l'autrice esquisse le portrait de ses personnages : Ema, indépendante et forte, noire, qui fuit un passé dont on en apprendra un peu plus le long du voyage ; Thibault reniant son statut de prince au profit de celui d'homme ; Albert Dorec le commandant, un grand explorateur parvenu à se hisser dans la société mondaine de Pierre d'Angle ; Lucas l'infirmier ; Virus le chirurgien, etc. etc.

L'aventure sur le pont du bateau est assez lente, on les imagine facilement passer de longues journées à bord mais on ne s'y ennuie jamais, que ce soit à cause d'étranges lueurs colorant les objets que d'une opération de chirurgie au milieu d'une tempête. Il y a quelque chose d'assez fascinant dans la mer, l'océan, ses reflets. D'apaisant et de dangereux. Et ça l'autrice a vraiment réussi à le retranscrire tout en procurant à chacun des personnages un caractère, une profondeur.

Ce n'est qu'après cette première moitié que nous nous rendons au Royaume de Pierre d'Angle, les terres du Prince, où l'on y retrouvera sa famille pas si sympa, des conseillers douteux et des légendes terrifiantes mais chut je ne vous en dis pas plus.

Ce qu'il y a de formidable dans ce roman c'est ce savant mélange entre humour, fantasy, quelques petites doses d'imaginaire savamment distillées, et la poésie. Des phrases qui te laissent un coup mort de rire, un coup bouchée bée. L'écriture est fluide, fine, avec un langage ce qu'il faut de soutenu pour plaire à un public plus âgé, mais facile d'accès dès 10 – 12 ans. C'est ce que j'apprécie aussi dans cette collection Epik : on lit de tout à tous les âges aux éditions du Rouergue.

Et puis il y a un sens aussi, c'est un roman intelligent, qui aborde bon nombre de sujets sans en avoir l'air : l'esclavage bien sûr, mais aussi le racisme, le personnage d'Ema étant noir, le féminisme et l'égalitarisme. Une quête initiatique qui commence doucement avant de s'accélérer dans la seconde moitié, de la lumière à l'ombre, de la mer à la terre. Je ne regrette qu'une seule chose : ce petit jeu d'annonce auquel s'adonne l'autrice et qui a, moi, tendance à m'agacer. Je n'aime pas savoir qu'un personnage va « regretter » un geste qu'il a fait ou pas fait, ou alors qu'on me le dise clairement (parce que oui je suis une des rares personne de ce bas monde a adoré les spoilers). C'est le petit truc qui m'a un peu dérangée mais c'est tellement minime à côté de la manière dont ce roman m'a transportée. Si bien que j'en ai oublié de manger d'ailleurs, puisqu'à 22h, une fois la dernière page refermée, j'ai entendu mon ventre gargouiller si fort dans le silence de mon appartement que j'en ai sursauté.

En résumé

L'Art du Naufrage est un excellent premier tome, de la mer à la terre, qui nous en apprend beaucoup sur le monde dans lequel vont évoluer les personnages, les complots et forces en présence. On devine certaines trames, en effleure d'autres du bout des doigts, des légendes sournoises s'inventent dans les dernières pages. Entre humour et noirceur, lumière et poésie, on suit le destin hors nome de Thibaut et Ema, à l'amour éternel. Un coup de coeur ❤
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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