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Critique de Bigmammy


Un récit effrayant, décapant mais surtout utile, celui de Maya, victime d'une agression sexuelle qui a bouleversé toute sa vie. Près de soixante ans après, elle se décide à crever l'abcès : elle a conservé tous ses dessins de petite fille, le journal intime de ses douze ans.

Elle raconte : la culpabilité, la honte, la terreur, la répugnance, la contrainte, mais surtout l'incompréhension des « grands », l'absence de communication avec sa mère, le sentiment de se sentir de trop, la peur de la mort morale ET physique, la crainte de décevoir. Son seul ami : un petit fénech ... son doudou vivant.

C'est toute une vie de femme marquée au fer rouge des attouchements qu'elle a subis quand elle avait entre quatre et cinq ans. Encouragée aujourd'hui par les témoignages d'autres victimes très médiatisées, elle se donne enfin la parole à travers ce récit illustré de ses dessins d'enfant, tellement explicites pour qui veut se donner la peine de voir.

Car même à trente ans, Maya éprouve toujours l'angoisse de la misère, de la maladie et de la mort, l'enfermement intérieur, la solitude. Cependant, elle analyse très finement le processus du consentement, cette alchimie du véritable consentement. Cette peur, elle l'a simplement apprivoisée. Des écrits l'ont aidée, dont en particulier les travaux de Boris Cyrulnik auquel est dédié ce livre.

Elle interpelle les hommes : « Que vous a-t-on fait pour vous conduire à ce rejet du plaisir féminin ? Représente-t-il une menace à vos yeux car vous n'arrivez pas à le satisfaire, vous craignez la honte de l'adultère ? » Elle fustige ces prédateurs qui empoisonnent toute relation entre collègues tant la crainte de les rencontrer est vivace.

Ce témoignage est particulièrement émouvant, très bien écrit, courageux et sincère. Elle aussi, maintenant, elle écrit, comme elle a dessiné jadis. Et elle donne de l'espoir puisqu'elle parle, très pudiquement, de son bonheur actuel.

Le buzz médiatique a servi de catharsis mais une question demeure : existe-t-il un vaccin contre les pathologies de la honte ? En fait, un seul remède : la parole et l'écoute bienveillante des victimes.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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