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Critique de ValentinMo


Le saviez-vous ? On compte près de 200 parutions chaque jour en France, de la part de 7.000 maisons différentes. Chaque année, de nouvelles maisons d'éditions sont créés, mais le secteur reste toute même sinistré et très compétitif et beaucoup disparaissent. Ça notamment été le cas récemment des éditions le Serpent à Plumes, créées en 1988 sous forme de revue littéraire dans un premier temps par Pierre Astier et Claude Tarrène, puis structurées en 1993 comme maison d'édition, elles publiaient jusqu'à 2019 de la littérature contemporaine, française et étrangère de grande qualité avec une charte éditoriale très reconnaissable. C'est notamment le cas du quatrième roman de l'écrivain marocain My Seddik Rabbaj, « le Lutteur ».

On suit le jeune Yahya qui appartient à la tribu nord-africaine des Raytsoutes installée – contre toute attente - aux portes du Sahara: les Raytsoutes ont fait jaillir de ces terres désolées un véritable oasis de vie, offrant à leurs héritiers la richesse d'un sol fécond. Mais la jalousie les encercle, les hommes des montagnes qu'ils surnomment « les Singes » – pour leur agressivité et leur agilité hors du commun – fomentent une attaque. Si les Raytsoutes en sont bien conscients, il n'est pas question de reculer face à cet ennemi et chaque homme de la tribu est prêt à mourir pour défendre la terre de ses ancêtres.

Pourtant, la bonté légendaire de ce peuple causera leur perte. Ils vont accueillir un étranger, lui fournir assistance et protection alors que celui-ci endosse le rôle du vieillard meurtri, lui accorder sa confiance, se confier à lui… tout cela pour finalement devoir admettre que ce dernier n'était qu'un comédien émissaire, un traitre envoyé par l'ennemi qui empoisonnera l'ensemble du village. Affaiblis par le poison ainsi déversé, les meilleurs combattants Raytsoutes sont contraints au repos et les hommes des montagnes en profitent pour déferler sur leur terre et massacrer la tribu.

Yahya sera un des rares rescapés parmi les femmes et enfants qui ont réussi à s'enfuir et c'est à dos d'âne qu'ils se mettent en route avec pour seule destination, la pointe de l'horizon, à l'exact opposé de leurs racines. Après la rencontre des nomades, les « hommes bleus », la famille trouve de nouvelles racines à la Zaouya où ils seront faits esclaves. Une nouvelle vie pleine de promesses mais aussi de combats s'ouvre alors pour le jeune Yahya qui se fait repérer pour ses qualités de lutteur : il va alors se battre pour la liberté et l'amour.

La plume de My Seddik Rabbaj est très délicate, sans fioriture, soucieuse de rendre hommage à ses personnages et les paysages grandioses des plaines africaines et de l'immense Sahara qui s'exposent sous les yeux enchantés du lecteur. L'écrivain marocain a une écriture qui fait ressortir les odeurs, les couleurs et les sons.

Les mystérieux hommes bleus sont une belle rencontre littéraire rappelle quelques sublimes passages du grand J.M.G le Clézio (« Désert », 1980) ou encore l'univers si singulier de Gabriel García Márquez.

Il est évident que la culture marocaine est la source d'inspiration dans laquelle il puise et par laquelle il fait émerger ce récit tel un hommage à tous ces peuples. On soulignera notamment un quatrième chapitre absolument magnifique consacré au moussem : au Maghreb, le moussem est une fête régionale religieuse qui associe la prière, le commerce et des épreuves – ici la lutte pour à la Zaouya (lieu dans lequel vit Yahya) - et un spectacle avec les prouesses de chaque tribu présente. L'auteur décrit toutes les tribus, leurs couleurs de vêtements, leurs particularités physiques et les épreuves qu'elles présentent toutes plus fantastiques les unes que les autres.Tout est tellement beau et fort que Yahya tarde à se rendre compte de la main mise du Cheikh et le poids de l'intégrisme religieux sur leurs vies.

Reste tout de même que la diversité est belle au sein du « Lutteur » et Yahya, héros emblématique de ce texte, incarne des valeurs extrêmement fortes et porteuses, tel que le respect, le courage et l'amour.

Il est évident que la culture marocaine est la source d'inspiration principale dans laquelle il puise pour rendre un tel hommage à tous ces peuples. On soulignera notamment un quatrième chapitre absolument magnifique consacré au moussem : au Maghreb, le moussem est une fête régionale religieuse qui associe la prière, le commerce et des épreuves – ici la lutte pour à la Zaouya (lieu dans lequel vit Yahya) - et un spectacle avec les prouesses de chaque tribu présente. L'auteur décrit toutes les tribus, leurs couleurs de vêtements, leurs particularités physiques et les épreuves qu'elles présentent toutes plus fantastiques les unes que les autres.Tout est tellement beau et fort que Yahya tarde à se rendre compte de la main mise du Cheikh et le poids de l'intégrisme religieux sur leurs vies.

Reste tout de même que la diversité est belle au sein du « Lutteur » et Yahya, héros emblématique de ce texte, incarne des valeurs extrêmement fortes et porteuses, tel que le respect, le courage et l'amour.

Roman initiatique sous forme de conte sur l'appartenance à une tribu, une religion, des convictions, avec des réflexions intéressantes sur les dérives des religions sans le ton polémique souvent lié à la thématique. La vie du jeune Yahya – tout comme la lecture du livre - est rythmée par les prières et prêches incessantes du Cheikh (le lecteur se réservera le droit de sauter ces quelques passages).

Une invitation au voyage au coeur d'un très beau récit porteur de belles valeurs, et sublimé par une plume sublime.
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