AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Traduit de la nuit (16)

Les ruches secrètes sont alignées
près des lianes du ciel,
parmi des nids lumineux.

Butinez-y abeilles de mes pensées,
petites abeilles ailées de son
dans la nue enceinte de silence ;
chargez-vous de propolis
parfumée d'astres et de vent :
nous en calfeutrerons toute fente
communiquant au tumulte de la vie.

Chargez-vous aussi de pollen stellaire
pour les prairies de la terre ;
et demain, lorsque s'y noueront
les roses sauvages de mes poèmes,
nous aurons des cynorrôdons aériens
et des semences sidérales.

p 27-28 "Traduit de la nuit", IX
Commenter  J’apprécie          310
Le Poème

Paroles pour chant, dis-tu, paroles pour chant,
ô langue de mes morts,
paroles pour chant, pour désigner
les idées que l’esprit a depuis longtemps conçues
et qui naissent enfin et grandissent
avec des mots pour langes —
des mots lourds encore de l’imprécision de l’alphabet,
et qui ne peuvent pas encore danser avec le vocabulaire,
n’étant pas encore aussi souples que les phrases ordonnées
mais qui chantent déjà aux lèvres
comme un essaim de libellules bleues au bord d’un fleuve
salue le soir.


Paroles pour chant, dis-tu, paroles pour chant,
paroles pour chant, pour désigner
le frêle écho du chant intérieur
qui s’amplifie et retentit,
tentant de charmer le silence du livre
et les landes de la mémoire,
ou les rives désertes des lèvres
et l’angoisse des coeurs.

Et les paroles deviennent de plus en plus vivantes,
que tu croyais en quête du Chant ;
mais elles deviennent aussi de plus en plus fluides et ténues,
comme cette brise qui vient des palmiers lointains
pour mourir sur les cimes sourcilleuses.
Elles deviennent davantage des chants,
elles deviennent elles-mêmes — ce qu’elles ont toujours été
jusqu’ici, en vérité.
Et je voudrais changer, je voudrais rectifier
et dire :
chants en quête de paroles
pour peupler le silence du livre
et planter les landes de la mémoire,
ou pour semer des fleurs aux rives désertes des lèvres
et délivrer les coeurs,
ô langue de mes morts
qui te modules aux lèvres d’un vivant
comme les lianes qui fleurissent les tombeaux.

(poème de PRESQUE-SONGES, p 84-85)
Commenter  J’apprécie          200
PRESQUE-SONGES
A tous mes amis, morts et vivants
fils d’Orient et d’Occident

Fruits

Tu peux choisir
entre les fruits de la saison parfumée ;
mais voici ce que je te propose :
deux mangues dodues
où tu pourras téter le soleil qui s’y est fondu.

Que prendras-tu ?
Est-ce celle-ci qui est aussi double et ferme
que des seins de jeune fille,
et qui est acide ?
Ou celle-là qui est pulpeuse et douce comme un gâteau de miel ?
L’une ne sera que violentes délices,
mais n’aura pas de postérité,
et sera étouffée par les herbes.
L’autre,
source jaillissant de rocher,
rafraîchira ta gorge
puis deviendra voûte bruissante dans ta cour,
et ceux qui viendront y cueilleront des éclats de soleil.
p 87
Commenter  J’apprécie          180
LA NOUVELLE TOMBE

Ma tombe est toujours ma tombe, mais mon coeur en est une autre. — C'est ma tombe en dehors de la terre ; c'est ma seconde tombe.
Ce ne sont pas des herbes qui la cachent, ni non plus une pierre mâle. C'est ma chair pleine de souci qui la dissimule.
Mes vibrants soupirs, mes larmes et mes sanglots incontenus y jouent les revenants et me hantent sans cesse.
Là sont les rêves conçus mais qui s'étaient dissipés invisiblement et brusquement. Là sont les épaves du bateau de l'Espérance.
Là les stances du passé et les chants de ma jeunesse sont ensevelis et ne se réveillent plus. Pas même pour donner un écho.
Là sont tous les projets, perdus et oubliés. Là gisent les os de mes jours lointains et des heures sans pouvoir.
Là se décompose lentement la chair. Là, elle flétrit et tombe, quoique jeune. Là sont les morts, tous les morts.
Commenter  J’apprécie          120
Que de fois relayés
et que de fois les mêmes,
dans la lumière ruisselante,
les laboureurs de l’azur ?

Ont semé quelles graines,
ont planté quelles tiges
au royaume du vent,
et sur les monts arasés ?

Sont en quel inconnu,
derrière quel feuillage
et sur quelle herbe haute,
près des rives du soir ?

— Boivent à une source noire,
arrachent cressons et menthes,
puis, couchés sur le dos,
regardent les astres croître

jusqu’à votre éclosion,
ô glaïeuls rouges et noirs,
et jusqu’au saccage par le jour
de leurs aires aériennes.
Commenter  J’apprécie          120
     Écoute les filles de la pluie…


     Écoute les filles de la pluie
qui se poursuivent en chantant
et glissent
sur les radeaux d’argile
ou d’herbes de glaïeuls
qui couvrent les maisons des vivants.

     Elles chantent,
et leurs chants sont si passionnés
qu’ils deviennent des sanglots
et se réduisent en confidences...

     Peut-être pour mieux faire entendre
cet appel d’oiseaux qui t’émeut.

     Un oiseau seul au cœur de la nuit
et il ne craint pas d’être ravi par les Ondines ?
Ô miracle ! ô don inattendu !

Pourquoi rentres-tu si tard ?
Un autre a-t-il pris ton nid ?
tandis que tu étais en quête d’un rêve au bout du monde ?
Commenter  J’apprécie          70
Ce qui se passe sous la terre,
Au nadir lointain ?
Penche-toi près d’une fontaine,
Près d’un fleuve
Ou d’une source :
Tu y verras la lune
Tombée dans un trou,
Et tu t’y verras toi-même,
Lumineux et silencieux,
Parmi les arbres sans racines,
Et où viennent des oiseaux muets.
Commenter  J’apprécie          70
La peau de la vache noire est tendue,
Tendue sans être mise à sécher,
Tendue dans l’ombre septuple.

Mais qui a abattu la vache noire,
Morte sans avoir mugi, morte sans avoir beuglé,
Morte sans avoir été poursuivie
Sur cette prairie fleurie d’étoiles ?
La voici qui gît dans la moitié du ciel.

Tendue est la peau
Sur la boîte de résonance du vent
Que sculptent les esprits du sommeil.

Et le tambour est prêt
Lorsque se couronnent de glaïeuls
Les cornes du veau délivré
Qui bondit
Et broute les herbes des collines.

Il y résonnera,
Et ses incantations deviendront rêves
Jusqu’au moment où la vache noire ressuscitera,
Blanche et rose,
Devant un fleuve de lumière.
Commenter  J’apprécie          60
Ta cime,
dans tes cheveux que le vent secoue,
cèle un nid d’oiseaux immatériels ;
et lorsque tu viendras coucher dans mon lit
et que je te reconnaîtrai, ô mon frère errant,
ton contact, ton haleine et l’odeur de ta peau
susciteront des bruits d’ailes mystérieuses
jusqu’aux frontières du sommeil.
Commenter  J’apprécie          30
 
 
29



  Il est une eau vive
qui jaillit dans l’inconnu
mais qui mouille le vent
que tu bois,
et tu aspires à sa découverte
derrière ce roc massif
détaché de quelque astre sans nom.

  Tu te penches,
et tes doigts caressent le sable.
Soudain tu repenses à ton enfance
et aux images qui l’ont charmée –
surtout à celle où ces mots naïfs mais étonnant se trouvaient
   « LA VIERGE AUX SEPT DOULEURS »

  Et voici une autre eau vive
qui ne cesse de sourdre sous tes yeux,
mais qui attise ta soif :
ton ombre
‒ l’ombre de tes rêves –
devient septuple
et, émergeant de toi,
alourdit la nuit déjà dense.
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (31) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1228 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}