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Critique de Pavlik


Livre reçu dans le cadre de Masse Critique ; je remercie les éditions Riveneuve pour cet envoi.

"Fun et mégaphones" est un ouvrage de l'historien Pierre Raboud, spécialiste des cultures populaires contemporaines.
C'est donc d'abord à un bouquin d'histoire auquel nous avons affaire, dont l'approche se veut dans la droite ligne des "cultural studies"...mais que sont donc ces études culturelles ? Il s'agit d'une "tradition qui cherche à combiner des aspects propres aux analyses sociologiques, aux commentaires critiques, aux approches théoriques et historiques pour offrir des analyses convaincantes et globales destinées à comprendre le sens politique de phénomènes culturels dans des contextes historiques spécifiques". Tout un programme donc, on l'aura comprit transversal et, c'est certain, sur lequel les punks auraient abondamment craché.

Pierre Raboud choisit volontairement d'exclure la Grande-Bretagne, patrie d'origine du punk, et qui jouit déjà d'une abondante littérature en matière d'analyse de la chose punk. La méthode qu'il utilise est comparative (entre les différentes scènes de Suisse, de France et des deux Allemagne). L'ensemble est rigoureux, alimenté d'abondantes sources méticuleusement répertoriées, c'est sûr on est en présence d'un boulot d'universitaire. La période étudiée va de 1977 à 1982.

Alors globalement j'ai bien aimé. L'hypothèse centrale de l'auteur (illustrée par le titre qui, il faut bien le dire, est quand même naze) est que l'essence du punk réside dans une tension entre jouissance juvénile de la révolte (dans un contexte donné), par le biais d'une esthétique radicale et structuration de ladite révolte en revendications politiques. Au final, comme dans son rapport au succès commercial, le punk était ontologiquement incapable d'assumer quoi que ce soit. C'est-à-dire qu'à partir du moment ou on commence par décréter "no futur" et "j'men bats les couille de tout" c'est dur d'envisager une prolongation politique ou "artistique" (au sens où les majors l'entendent, c'est-à-dire commerciale). De quoi rendre dingue en somme. Et puis la société ne s'y est pas trompée dans sa manière de neutraliser le mouvement : en faire une mode, vendre des sacs de luxe "punk", des jeans neuf qu'on te vend déjà déchirés etc...

En bref, un bouquin intéressant, rigoureux. Je regrette simplement que la transversalité de l'approche, promise au départ, fasse quand même la part belle à l'histoire. Personnellement, un peu plus de socio et d'esthétique (au sens l'histoire de l'art) ne m'aurait pas déplu.



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