Racine, supplantant peu à peu son rival
Corneille dans la faveur du public, devient le maître de la tragédie classique : l'action tragique est réduite d'une crise passionnelle qui débouche en général sur la mort. En 1677, Racine crée une nouvelle tragédie grecque :
Phèdre, initialement intitulée
Phèdre et Hyppolyte, aussitôt concurrencée par la
Phèdre de Pradon, un poète sans grand renom, partisan de
Corneille. Une polémique éclate et une série de sonnets partisans et injurieux circulent. Après cette pièce, Racine n'écrira plus pour le théâtre, sauf deux
tragédies de commande. Bien que
Phèdre soit inspirée d'une légende grecque, le dramaturge emploie des noms romains, plus connus à son époque, pour la plupart des dieux et des héros. L'histoire de cette pièce n'est pas si simple :
Phèdre, l'épouse de Thésée, égarée par une passion coupable pour son beau-fils Hippolyte, le livre par jalousie à la vengeance injuste de son père. Chaque vers de Racine est d'une beauté absolue et unique. La jeune
Phèdre, déterminée par son destin, n'a pas la maîtrise de son existence. Sa passion pour le jeune Hippolyte est violente et destructrice, elle aveugle totalement sa raison et la livre à la manipulation. Cette pièce de théâtre est à lire, ne serait-ce que pour la mélodie du langage qui transfigure l'univers tragique et génère de l'émotion.