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Critique de Aelinel


C'est la chronique Coup de coeur de Boudicca qui m'avait donné envie de découvrir le port des marins perdus. Et je dois dire que je n'ai pas regretté un seul instant mon acquisition : les sublimes dessins en noir et blanc ne sont pas seulement rentrés en ligne de compte mais aussi le fait qu'il s'agisse d'un One Shot (je suis heureuse que les éditions Glénat n'aient pas opté pour quatre tomes) et du prix (relativement modeste au regard des 300 pages).

En 1807, Abel, un jeune garçon de quinze ans, est retrouvé inconscient sur une plage au large de Siam par le premier officier de l'Explorer, William Roberts. Sur le chemin de retour en Angleterre, Abel devient mousse sur la frégate et semble posséder de biens curieuses dispositions au vue de son jeune âge. Si son savoir-faire et ses connaissances provoquent l'inimitié des autres matelots, en revanche, elle attire la bienveillance de William Roberts qui le prend sous son aile. Ce dernier s'est d'ailleurs vu confier le commandement du navire, suite à la défection de l'ancien capitaine de l'Explorer, Abel Reynold Stevenson, accusé de meurtre et de vol. de retour au pays, Roberts et Abel rendent visite aux trois filles du capitaine qui tiennent une auberge à Plymouth : les trois jeunes femmes, bien esseulées, ne tardent pas alors à adopter le jeune garçon si attachant.

Autant ne pas tergiverser plus longtemps sur mes sentiments : cette bande dessinée s'est révélée être un véritable coup de coeur pour moi!
En cause, les magnifiques dessins au crayon à papier : non seulement je les trouve doté d'une grande finesse mais ils fourmillent également de détails que ce soit au niveau des décors comme l'architecture, les intérieurs, les paysages diversifiés, les navires ou au niveau des personnages, notamment leurs vêtements ou leurs expressions qui laissent parfaitement bien transparaître leurs émotions. On sent que les innombrables planches des trois cent pages ont dû nécessiter un travail colossal et une recherche très documentée qui immerge complètement son lecteur à l'époque du XIXème siècle.

Le second point fort de cette bande dessinée est le scénario bien ficelé et maîtrisé qui parvient à conserver tous ses mystères jusqu'au dénouement, tout en distillant deci delà quelques petites révélations. Il s'agit d'un véritable tour de force qui m'a particulièrement bien tenu en haleine sur la totalité des trois cent pages, notamment grâce à ses nombreux rebondissements qui oscillent entre deux registres, du récit historique à celui du fantastique.
Quant au style d'écriture, il est recherché, agréable à lire et exhaustif (je citerai ainsi le vocabulaire lié à la marine). La bande dessinée apparaît également très diversifiée car elle alterne tour à tour des dialogues, des correspondances, des citations de poésies mises en exergue à chaque début d'acte ou des chants des marins (qui sont de véritables chansons).

Enfin, les personnages sont également bien croqués au sens littéraire du terme. Ils ont d'ailleurs été rendus si « réels » que je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir une certaine émotion lors de la disparition de certains. Abel et le capitaine Nathan McLeod font partie de mes préférés : l'un pour son intelligence et sa modestie, le second pour son côté « gros nounours » qui s'ignore. Les trois filles du Capitaine Stevenson ainsi que Rebecca sont particulièrement attachantes.

En conclusion, le port des marins perdus est une bande dessinée remarquable et un petit bijou d'une très grande minutie. J'irai même plus loin en affirmant qu'il s'agit d'un véritable travail d'orfèvre. Elle a dû nécessiter d'innombrables heures de travail à ses deux auteurs. Rien d'étonnant donc que la bande dessinée ait obtenu le prix du meilleur roman graphique au festival de Lucca 2015. J'ose espérer qu'elle ne passera pas inaperçu en France et raflera de nombreux prix.
Si vous recherchez un cadeau pour un anniversaire ou Noël, ne cherchez pas plus loin!
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