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Critique de Odile17


Ah !... Voilà un livre qui m'a procuré des sentiments assez contrastés. Dans un premier temps, j'ai détesté l'histoire... puis j'y ai trouvé un grand intérêt qui n'était probablement pas recherché (quoique ?) par les auteurs mais que je vais vous expliquer.

Pendant que le papa va passer un coup de téléphone à l'écart, il charge Léonie de "faire attention" à son petit frère Léon , ce qu'elle semble accepter volontiers. Juste après, Léon dit à sa soeur qu'il a faim et lui demande un gâteau. Léonie lui demande "comment ?". Son petit frère réitère alors sa demande, semblant penser que Léonie n'a pas compris. Mais voilà, Léonie demande à nouveau "un gâteau comment ?". Et les échanges se poursuivent ainsi, tel un dialogue de sourds, ou plutôt telle une cruelle épreuve que la soeur impose à son frère. En effet, Léon ne semble pas comprendre ce que sa soeur attend de lui et tente, par différentes réponses, de lui apporter satisfaction, en vain. Insensible, sa soeur ne l'aide en rien et continue à le mener par le bout du nez, imperturbable. La plaisanterie (qui n'en était pas une) ayant assez duré, Léon finit par s'énerver (comme je le comprends !) et entend faire cesser l'autoritarisme dont fait preuve sa soeur en lui rappelant que ce ne sont pas ses gâteaux, réclamant qu'elle lui en donne un séance tenante. le ton monte, les esprits s'échauffent et les coups fusent de part et d'autre, chacun continuant de camper sur sa demande (un gâteau de la part de Léon, un comment ? de la part de sa soeur). Après la bataille, Léon dit à sa soeur qu'elle n'est pas gentille et qu'il va le dire à ses parents qui vont lui "apprendre la politesse" (on se demande bien par quels moyens, quand on voit ce dont sont capables les enfants entre eux... Léonie n'en a d'ailleurs que faire et le nargue, paquet de biscuits à la main, en lui tirant la langue...). Prononçant ces mots, il semble réaliser que c'est une formule de politesse qu'attendait sa soeur depuis tout ce temps... Il lui renouvelle donc sa demande en ajoutant le précieux sésame "s'il te plait". Et là, ô merveille, sa soeur, victorieuse, lui tend le gâteau tant attendu en se fendant d'un "eh bien, tu vois, c'était pas compliqué !". Léon, pas revanchard, lui dit "merci", ce à quoi sa harceleuse de soeur lui demande "merci qui ?" (ça ne finira donc jamais !?). Heureusement, cela ne repart pas sur le même thème, puis le père revient, s'étonne du bruit qu'il a entendu, demande s'ils se sont disputés, ce à quoi ses enfants lui répondent qu'il ont simplement joué et goûté... La routine, quoi ! le père s'enhardit à demander un gâteau... sans ajouter de formule de politesse, et voilà les enfants qui demandent en choeur "un gâteau comment ?". Je suis curieuse de savoir si l'histoire se poursuivrait de la même manière, le père ne comprenant pas ce qui lui est demandé et les enfants le harcelant comme l'a été Léon, allant jusqu'à la bataille générale ? Non, bien sûr, le père aurait tôt fait de hausser le ton, d'arracher le paquet de gâteaux des mains de ses enfants avec un simple "oh, ça suffit, j'ai passé l'âge, donnez-moi ces gâteaux tout de suite !" ou quelque chose de cet ordre... Et puis voilà, fin de l'histoire... Non ?

Je n'ai pas aimé cette histoire pour plusieurs raisons : Léon se fait maltraiter par sa soeur qui semble se croire tout permis sous prétexte de politesse (son père lui a pourtant demandé de "faire attention" à son frère, voilà une curieuse façon de le faire...). La politesse, parlons-en ! A quoi rime cette mascarade, qu'apprend-elle aux enfants ? Qu'on peut faire usage d'autoritarisme, de harcèlement, de mépris, de cruauté, en venir aux mains, tout ça au nom de la politesse ? C'est une blague ?... Et le respect de l'autre, la fraternité, l'empathie, l'indulgence, que sais-je d'autre ? Sacrifiés sur l'autel de la déesse Politesse ! A quoi bon exiger la politesse quand on manque soi-même de la plus basique humanité ?... Voilà donc ce qui m'a plu dans cette histoire, son jusqu'au-boutisme montre, selon moi, tout le ridicule des règles et principes appliqués sans aucun discernement, au mépris de sentiments et d'attitudes de solidarité, de respect fondamentaux. En ce sens, cette histoire apporte de l'eau au moulin de ceux qui critiquent l'apprentissage "bête et méchant" de la politesse , l'usage des formules de politesse dépourvu de toute conscience, sans savoir pourquoi on les dit, juste parce que "ça se fait". Dire bonjour, s'il te plait, merci, au revoir, bien sûr, c'est important. Mais si c'est dit tel un perroquet, tout en méprisant profondément ses congénères, en n'ayant aucune empathie, aucun intérêt pour son prochain, quel intérêt ???
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