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Critique de Shakespeare


« Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable» et ce n’est pas l’histoire de Aron Ralston qui contredira ce vers de l’Art poétique de Nicolas Boileau.
En mai 2003, la mésaventure de ce jeune mais non pas moins expérimenté alpiniste avait fait le tour du monde. En trip solitaire dans les gorges de l’Utah, Aron avait délogé un rocher de son emplacement en s’engouffrant dans le couloir du Blue John Canyon: ledit rocher avait alors, dans sa chute, coincé le bras d’Aron. L’alpiniste s’est retrouvé immobilisé par ce rocher pendant plus de 127 heures, la main et l’avant-bras comme incrustés dans la roche.

Survivant à la fin, la soif et l’isolement, il en vient à prendre une décision qu’il avait pourtant écarté à l’origine : celle de s’amputer le bras pour se libérer.
C’est peut-être la géniale adaptation cinématographique par Danny Boyle qui vous poussera à lire le livre autobiographique, mais quel que soit l’ordre de découverte, les deux œuvres sont saisissantes. Boileau a en effet raison lorsqu’il affirme que « le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable ». Quel scénariste aurait pu imaginer tel récit s’il n’était pas celui d’une histoire vraie ? « C’est absurde », tempère d’ailleurs Aron Ralston durant son emprisonnement forcé. Absurde, invraisemblable, surréaliste… Les adjectifs pour qualifier cette histoire appartiennent plus à la littérature fantastique que réaliste ou autobiographique. Et pourtant.

Si Aron Ralston n’avait pas vocation à être un jour écrivain, le livre suit tout de même une certaine structure. Loin de vouloir raconter simplement l’expérience du Blue John Canyon, l’alpiniste compose en réalité son autobiographie. L’on apprend alors que l’aventurier a déjà failli se noyer dans le Colorado, s’est déjà « battu » avec un ours… Outre ces moments dramatiques, l’auteur nous parle aussi de sa famille, de ses amis, de ses rencontres… Les chapitres alternent entre le récit de son emprisonnement et le récit de sa vie avant l’événement.

Lire 127 heures permet alors d’avoir une image d’Aron Ralston plus complexe mais également plus vraie que celle montrée dans les nombreux reportages de 2003 ou même du film. L’alpiniste peut réellement être considéré comme un héros, tant sa force mentale, son ingéniosité et son endurance semblent surhumaines. Outre les performances physiques hors-normes dont il fait preuve, Aron vit aussi d’extraordinaires expériences spirituelles lors de cette aventure. Le manque d’eau, de nourriture, l’isolement expliquent sûrement en partie l’origine de ces transes qui lui sauveront la vie mais le fait est que le livre possède une part fantastique, pourtant vrai. « Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable » dira-t-on encore.

Le seul point faible, contrairement au film, vient alors peut-être du rythme du récit, qui alterne majoritairement entre récit des 127 heures et récit autobiographique plus général. Il est parfois frustrant de devoir lire entre deux chapitres sur l’extraordinaire aventure du Blue John Canyon, un chapitre entier sur une randonnée fait il y a plusieurs années avec des amis. Malgré cela, le livre s’avère presque thérapeutique pour le lecteur : l’auteur miraculé parvient en effet à susciter diverses réflexions sur le sens de la vie, à donner motivation aux plus démotivés et à instaurer un sentiment d’empathie qui rend la lecture parfois émouvante, sinon captivante.

(Lu en anglais)
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