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Critique de PatriceG


L'Adieu à l'île (1976)
Valentin Raspoutine (1937-2015)

J'éprouve une tendresse particulière pour ce livre, c'est un hymne à la nature, un cri profond, déchirant comme l'arbre dans la vallée poussant son dernier cri avant de rompre sous les mâchoires de la machine qui vient l'ensevelir, car Valentin Raspoutine a vu de son vivant la délocalisation de son village natal à la suite de la construction d'un barrage. Sa conscience s'éveille quand il voit deux mondes, un ancien respectueux de la tradition, le nouveau qui passe les cimetières au bulldozer..

Il me semble qu'on ne devrait jamais délocaliser un village dès lors qu'il y a un cimetière, car c'est sacré, c'est le repos éternel, on n'a pas le droit de toucher à ça. Même les visages pâles contournaient les cimetières indiens..

A la sortie du village sibérien, à l'est vers Irkoutsk, où est né Valentin, qui a été englouti dans les années 60 du temps de l'ère soviétique, c'était la taïga, il ramassait des champignons, cueillait des baies ; il y avait cette large rivière Angara où étant jeune, il se dépêchait d'aller pêcher avec sa canne à pêche dès qu'il le pouvait..

Il est né juste avant la guerre, aussi Staline n'a pas eu le temps de lui trouver quelque chose en responsabilité pour reprendre le mot de notre cher Castex. Mais notre ami Valentin n'était pas un belliqueux, c'était un brave homme qui avait juste le tort sans doute d'aimer son pays où il vécut pratiquement toute sa vie. Comme il était doué pour l'écriture et pour les études, déjà il fut sélectionné pour aller étudier dans une bonne école à 50 kms de là. Plus tard donc, il se fit repéré et devint écrivain soviétique, et au sortir de l'ère bolchevique, fait notable, il se fit baptiser par un prêtre orthodoxe ..

Néanmoins dans ses écrits, nouvelles, romans, sa plume est acérée et allègre, son seul moyen de combattre, de crier sa révolte. Valentin raconte donc dans l'Adieu à l'île comment il s'est senti à la fois réfractaire et impuissant face à ces bureaucrates de la ville qui décidèrent d'engloutir son village pour construire un barrage hydro-électrique.

J'ai lu quelque part quand il fut question d'hommage à cet écrivain disparu, qu'il était injuste de ne voir à travers les écrivains russes contemporains que des écrivains de l'extérieur et non des écrivains de l'intérieur, et que donc il y avait Valentin Raspoutine. Franchement, je ne sais pas s'il fallait juger Valentin comme un écrivain soviétique pour boire de l'eau soviétique, ou comme tout simplement un écrivain de talent qui dépassait largement ces limites partisanes ..

Valentin Raspoutine ne laisse rien dans sa vie qui nous permit de penser à autre chose que de bons penchants, et quand l'artiste s'y mêle c'est à considérer avec une hauteur indépassable
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