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Critique de Arthemyce


« Quiconque disposant d'un logement suffisamment grand devra héberger un ou plusieurs réfugiés climatiques sous peine de poursuite ».

Le ton du premier tome de cette série en deux volumes est donné en quatrième de couverture. Dès les premières pages, le contexte est posé sans superflu : le changement climatique a rendu « inhabitable » Portugual, Espagne et Italie ; il faut donc reloger nos voisins avec les moyens du bord. Les détails se font discrets, des rumeurs dans les commerces.
Louis, fils d'une famille parisienne aisée portée par une mère acariâtre et un brin névrosée, devra composer avec sa nature introvertie et ses TOC. Il se voit contraint d'accueillir quelqu'un dans sa bulle de solitude.

On s'en doute, cette cohabitation forcée n'est pas du goût de tous. Horrifiée, la mère de Louis exprime sans fard son égoïsme bourgeois : « Il paraitrait que les gens ne sont même pas classés par rang social ! Tu te rends compte ? », mais elle concède bien vite être soulagée d'être épargnée du fardeau. Son fils verra quant à lui débarquer dans son immeuble deux générations d'une même famille espagnole dont il hébergera la pieuse grand-mère, la petite-fille et le petit-fils de celle-ci logeant respectivement chez la voisine et les voisins dans les étages. C'est le M.E.C.C., le « Ministère de l'Environnement et de la Crise Climatique », qui gère les affectations et fourni même le « Mode d'emploi » en version papier lors de la répartition des réfugiés.

David RATTE a pris le parti de focaliser sur l'expérience humaine, en mettant en scène des personnalités franches confrontées aux barrières de la langue, aux préjugés et à l'intégration – pas toujours évidente – de cette nouvelle donne dans la vie de chacun. Si le changement climatique et ses conséquences sont à peine évoqués pour placer le contexte, cela ne porte pas préjudice à l'ensemble – même si pour ma part j'aurai trouvé intéressant justement d'expliquer les effet du changement climatique ayant rendu des pays entiers « inhabitables ». On sent bien toutefois que ce n'est pas le propos et, hormis sur le plan pédagogique où cela aurait été judicieux, on s'en passe très bien.
On s'en doute, les situations et les dialogues font tout et sont servis par des traits justes et une belle palette de couleurs. Agréable à lire, on reste un peu sur sa faim au terme des 56 pages de ce premier volume ; heureusement que l'auteur nous lâche en pleine intrigue !

Vivement la suite et fin de cette petite aventure humaine permettant d'appréhender une des conséquences possibles du réchauffement climatique.

Quelques remarques sur le réalisme : Dans cette BD, l'accueil des réfugiés est la conséquence de pays devenus « inhabitables » suite aux effets du réchauffement climatique. Sont évoqués feux et inondations, au détour d'une case. Lorsque les réfugiés débarquent, la vie semble être particulièrement tranquille à Paris – hormis des méduses dans la Seine, illustrant le fait que les perturbations s'étendent vers le nord. Si des pays entiers deviennent invivables, qu'arrivent-ils à leur agriculture, par exemple ?
Bien sûr, les conséquences du réchauffement climatique sont multiples et concernent de nombreux domaines en dehors de la sécurité alimentaire. Les estimations d'impacts en fonction des projections climatiques dépendant des scénarios d'émissions de gaz à effet de serre envisagés sont l'objet de nombreux de travaux de recherche, synthétisés notamment par le GIEC. On comprend que l'auteur ait opté pour un contexte libéré d'une certaine complexité mêlée d'incertitudes. Mais tout de même : j'aurai été curieux de contempler l'exercice.
Aussi, quid de la psychologie des déplacés ? Tout ce petit monde semble s'accommoder un peu trop facilement à une situation pourtant objectivement déroutante.
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