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Critique de Nicolas9


L'intrigue se déroule à quelques kilomètres de la frontière française dans la partie bascophone de la Navarre. Dans cette vallée isolée traversée par la Bidassoa (ou Baztán en basque), la vie n'a jamais été facile et l'atmosphère pluvieuse qui règne en ce mois de février est là pour nous le rappeler.

L'inspectrice Amaia Salazar est envoyée depuis Pampelune pour enquêter sur l'assassinat d'une jolie adolescente retrouvée dénudée au fond d'un ravin des environs d'Elizondo. Jusque-là, rien de particulier, sauf qu'Amaia a quitté dès qu'elle a pu cette commune rurale de trois mille habitants pour aller étudier dans la capitale de la région autonome. En effet, ses neuf premières années de vie y ont été très difficiles et elle s'était juré de ne jamais remettre les pieds dans la vallée de la Baztán.

Mais, un ordre ne de discutant pas, elle se retrouve non seulement à devoir éclaircir un meurtre hors du commun, mais elle doit en plus affronter les démons encore très présents de son passé.

D'origine basque comme son héroïne (San Sebastián, 1969), Dolores Redondo m'a vraiment donné envie de découvrir les deux autres tomes de cette trilogie policière qui nous immerge dans l'Espagne profonde, conservatrice et... animiste malgré un verni catholique qui ne résiste pas à l'épreuve des faits.

A la fois mystérieuses et inquiétantes, les forêts qui encerclent Elizondo recèlent des secrets récents qui s'ajoutent à des siècles de non-dits et de superstitions. Pourtant, jamais l'auteur ne tombe dans le surnaturel pesant et dégoulinant de certains alter ego anglo-saxons. Ici, tout est suggéré avec beaucoup de retenue et le lecteur est libre d'en penser ce qu'il veut, voire carrément d'éluder quelques passages. Ce qui n'altère en rien le récit, mais lui confère peut-être encore plus de densité et de charme.

Car, c'est bien charmé que j'ai fermé ce polar de 450 pages. Comme personne jusqu'ici, Dolores Redondo est parvenue à me transmettre son amour pour cette campagne basque sauvage et préservée qui par certaines de ses facettes rappelle un peu l'Irlande ou l'Ecosse rurale.

Mais, les remarquables « tableaux » de cette nature vivante ne seraient rien si l'écrivain ne les accompagnait pas des légendes et des mythes qui la mettent en relief et lui donnent toute son austère saveur. Sans oublier les traditions culinaires et culturelles euskeras (basques) que la traductrice a eu la bonne idée de ne pas transposer en castillan ou en français. Ainsi, on a presque l'impression de lire ce roman dans sa version originale ce qui est d'autant plus prenant.
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