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Critique de Tiphrom


Voilà un roman bien étrange et pour le moins original. Dans les années 90, une soirée entre lycéens organisée par l'équipe de crosse, cherchant du sexe au moyen de l'alcool. Deux d'entre eux raccompagnent une fille totalement ivre chez elle puis se vantent de l'avoir agressée sexuellement. Aveu ou fanfaronnade, la rumeur fait l'histoire. Des bourreaux comme de la victime. Elle devient fondatrice, son ascendance est expérimentée sur les quinze années suivantes. Qu'en reste-t-il ? Un poison tenace pour chaque protagoniste et un bordel monstre dans la vie d'Alice, la victime d'un acte dont elle ne connaît pas les contours.

Ce bordel se traduit par une construction narrative inventive, comme un puzzle fait de longs récits (de témoins ou d'Alice), de scripts écrits dans l'enfance avec sa meilleure amie, de rédactions d'entrée à l'université, de mails… au lecteur de s'y perdre pour éprouver les fragiles fondements d'Alice, apercevoir les ramifications d'un passé omniprésent, mesurer l'inaccessibilité de la vérité d'hier et combien elle crée pourtant celle d'aujourd'hui.

Ce premier roman est intéressant. Il cherche une voie nouvelle pour aborder la culture du viol chez des lycéens sportifs décérébrés, mesurer le poids intime de la rumeur et la puissance sourde de la violence performative, celle de ces vérités qui nous construisent indépendamment de leur consistance matérielle. Il m'a suffisamment intrigué pour ne pas le lâcher, quand bien même je me suis demandé ce que j'étais en train de lire durant toute la première moitié… il m'a finalement cueilli, en basculant peu à peu vers une sorte de thriller, qui permet de rassembler une à une les pièces dispersées. Me reste tout de même le sentiment d'avoir été confronté à un exercice littéraire qui pique certes la curiosité mais dont l'efficacité est finalement discutable : l'histoire était bonne et se suffisait à elle-même, sans certains « gadgets ».
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