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Critique de OceandreLaRenardouce


Alice est retrouvée en pleine nuit par sa mère sur le seuil de sa porte, fortement alcoolisée. Elle ne se souvient de rien, hormis des cris tragiques de sa mère envers deux de ses camarades qui l'ont ramenée. de sa soirée, seule version : celle de ces derniers, largement déformée pour impressionner leurs « potes ». Elle aurait couché - été violée - avec - par - les deux jeunes hommes qui l'ont ramené chez elle…

Ce livre, c'est l'histoire de la soirée, volée à Alice, à la fois par ces jeunes hommes, mais aussi par les autres lycéens qui colportent les faits, les déforment. L'histoire de l'impossibilité d'Alice de récupérer les rennes de sa vie d'adolescente. Sa vie d'adulte aussi lui échappe ; car elle se façonne à partir de cette soirée oubliée. Là, se dessinent les enjeux : quelle est la vérité ? Comment se construire après un drame que l'on n'a pas vécu ? Quelles sont les conséquences des traumatismes adolescents sur la vie adulte ? Comment créent ils des schèmes dans lesquels celui qui les porte s'enferme ?

Aussi, du côté des « présumés » agresseurs, quelles conséquences de ce viol qui semble n'exister que par une rumeur ? La parole leur est donnée au travers de quelques chapitres narrés par ces adolescents qui boivent – beaucoup, en quantité et souvent, très souvent, tant qu'ils en deviennent caricaturaux.
Quelques parties du texte sont trop étirées et auraient mérité d'être plus concises. Certaines scènes qui reviennent sans arrêt font sentir au lecteur « l'importance » des éléments rejoués. Et s'il en a déjà saisi les enjeux, c'est lassant.

L'on reste en dehors de cette histoire, malgré les réelles prouesses de Kate Reed Petty dans le montage et l'assemblage des différentes parties de ce livre, dans les différents procédés stylistiques qui le compose.

La lassitude qui plane sur le lecteur est toutefois brisée par l'étonnante et unique structure du roman. Construit en cinq parties bien différentes et séparées dans le temps et l'espace, elles se révèlent en réalité inter-reliées. Si l'incipit du roman prend place dans une première partie « classique », la deuxième écrite sous forme d'une lettre de motivation, interpelle. Une autre, sous forme de scénarios de films d'horreur, secoue. Jusqu'à ce que l'on comprenne que ces multiples formats ont leur – relative – importance…

Après un final tout aussi insaisissable et ubuesque, l'on reste à côté de ce livre pourtant inventif et unique, qui relève plus de la démonstration stylistique que de la création littéraire.
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