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Critique de Diabolau


Pour évoquer cette guerre horrible, l'auteur fait le choix d'une histoire familiale, on le comprend par l'homonymie et par les documents de fin de volume. Choix assez rare pour le signaler, choix courageux, et sans doute un peu risqué, car dès lors on ne peut plus tricher, on doit raconter la guerre ordinaire d'un soldat ordinaire comme ils le furent tous, bien loin des super-héros... et l'ordinaire peut devenir assez rapidement sans relief, c'est le revers de la médaille, surtout sur un thème 1 000 fois rabâché où il est bien difficile de faire encore original.
Finalement, il n'est donc pas étonnant que mes passages préférés soient précisément ceux qui offrent un point de vue peut-être un poil inhabituel : les démarches de la soeur du héros pour rapatrier son cadavre, qui ont un réel intérêt documentaire (outre les dialogues savoureux entre les fossoyeurs), et l'amour impossible avec cette fille de bourgeois rencontrée en convalescence.
Paradoxalement, 56 pages c'est peu pour raconter cette histoire, même "ordinaire", surtout avec les allers retours entre 1921 et 1914-15-16, et on a l'impression parfois que la narration est un peu compressée dans un étui trop petit pour elle.
Concernant le dessin, Leyho a une très jolie patte, surtout sur la partie historique (j'ai moins aimé ses choix sur la partie contemporaine)... La partie onirique, avec les soldats-animaux, est certes belle, mais je n'en ai en fait pas vraiment perçu l'intérêt profond, à part le symbolisme de l'homme qui se transforme en animal ? C'est un peu léger, comme explication.
Saluons aussi le gros effort de reconstitution des bâtiments et des rues d'époque.
Sur le plan historique, si la micro-histoire est respectée scrupuleusement grâce au fond de documents familiaux visiblement très riche, la macro-histoire en revanche l'est beaucoup moins, dès qu'il a fallu broder, avec quelques images d'Épinal assez fatigantes, comme les gars qui partent à la guerre joyeux et sûrs d'eux, "la fleur au fusil", comme il est répété ad nauseam dans l'album.
Faut-il encore le dire ? Non, les poilus ne sont pas partis le 2 août 14 la fleur au fusil. Ils sont partis graves, déterminés, peut-être un peu contents de revoir des copains de régiment, mais avec la peur au ventre et la conscience aiguë du danger pour leur vie. Et tout le reste n'est que littérature... ou images de propagande.
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