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Critique de 5Arabella


C'est la pièce la plus connue de Reganrd, qui continue à être citée et même jouée relativement fréquemment encore maintenant. La pièce a été créée en janvier 1708. Dès le mois de février, Regnard lui adjoint une petite pièce en un acte, La critique du Légataire, peut-être pour répondre à ses détracteurs, ou pour lancer ou entretenir une polémique, ce qui permettait souvent d'attirer des spectateurs plus nombreux. Cette petite pièce suit de très près La critique de l'Ecole des femmes de Molière, et au contraire du Légataire, n'a pas vraiment eu du succès : seulement trois représentations.

L'intrigue du Légataire est assez décousue, chaque acte s'engage presque dans une autre direction. Dans le premier, nous découvrons Géronte, un riche vieillard, pourvu d'un neveu pauvre, Eraste,amoureux d'une jeune femme Isabelle. La mère de cette dernière est d'accord pour le mariage, mais à condition que Géronte fasse d'Eraste son légataire universel, ce à quoi s'emploient Crispin, le valet d'Eraste, et Lisette, la domestique de Géronte, les deux serviteurs projetant un mariage entre eux. Géronte est plutôt bien disposé à l'égard d'Eraste, mais lui aussi envisage d'épouser Isabelle, ignorant les sentiments des deux jeunes gens.

Au deuxième acte, la mère d'Isabelle est toute prête à accorder la main de sa fille à Géronte, même si elle préférerait Eraste. Mais l'intérêt financier prime. Les domestiques et Eraste profitent de quelques signes de maladie chez Géronte pour le persuader que le mariage lui serait néfaste dans son état. Il s'apprête à faire son testament en faveur d'Eraste, mais compte faire deux legs importants à deux membres éloignés de sa famille qu'il ne connaît pas.

Au troisième acte, Crispin se déguise tour à tour en neveu et nièce de Géronte : un neveu brutal qui menace son oncle, et une nièce qui l'insulte. Géronte est donc décidé à laisser tout son bien à Eraste. Il accepte aussi le mariage de son neveu et d'Isabelle. Tout semble aller pour le mieux, les notaires sont convoqués pour le testament.

Au quatrième acte, Géronte tombe en catalepsie, et ne semble pas pouvoir être ranimé avant de mourir. Crispin se déguise pour recevoir les notaires et leur dicter un testament, dans lequel il n'oublie pas de laisser des legs importants à Lisette et à lui-même. Eraste est outré, mais ne peut dénoncer la supercherie.

Au cinquième acte, coup de théâtre : Géronte revient de sa catalepsie. Mais il est affaibli, ce qui permet à son entourage de le persuader que c'est bien lui qui a dicté le testament, mais qu'il ne s'en souvient plus. Il est particulièrement incrédule devant les legs faits aux deux domestiques, mais finit par les accepter. le mariage d'Eraste et Isabelle peut enfin avoir lieu.

Il n'y a pas une action unique dans la pièce, mais une suite de rebondissements, qui s'enchaînent. A chaque fois, il y a un obstacle, qui semble être levé finalement assez facilement, Géronte étant visiblement attaché à son neveu, et au final plutôt raisonnable. Mais une autre difficulté surgit qu'il s'agit de résoudre rapidement. Cela donne à la pièce un rythme effréné, le lecteur ou spectateur n'a pas le temps de s'ennuyer. Cela donne aux acteurs, en particulier celui qui joue Crispin des occasions de briller, d'enchaîner des déguisements, des reparties. On est dans le burlesque pur, ce qui a comme contrepoint d'appauvrir peut-être l'analyse psychologique des personnages : Eraste est surtout intéressé par l'argent de son oncle avec qui il se montre très hypocrite, Isabelle est quasi inexistante, Crispin est une franche fripouille, même s'il est sympathique par son entrain, Lisette est un peu trouble, on se pose des questions sur ses relations avec Géronte. Au final le personnage le plus univoque est Géronte : vieux et malade, il est un peu la victime des manigances de ceux qui l'environnent. Cela donne une autre image du vieillard, un peu moins stéréotypée qu'habituellement dans les pièces de l'époque.

Incontestablement une excellente pièce dont la réputation n'est pas usurpée.
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