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Critique de le_Bison


Et si j'allais voir cette exposition au musée de Kagoshima, vues sur le volcan Sakurajima. du genre très instructif sur la nature qui nous entoure et d'une perception différente d'un peintre à l'autre. L'un rougeoyant, l'autre noir cendre avec cinquante nuances de gris ou un mélange de bleu océan comme cette vague gigantesque qui amène ses embruns au-delà des mers. Chaque pause devant un tableau est propice au souvenir, à la nostalgie d'une époque révolue, aux êtres que l'on a aimé, figures du passé sur plusieurs générations.

Takeru Koriyama, conducteur de tramway, fils et petit-fils de baleinier, arrière-petit-fils de menuisier. La saga familiale commence au début du 20ème siècle, des milliers de victimes suite à la colère des Dieux ou de la terre, grondement souterrain, le volcan se réveille déversant sa lave incandescente sur les monts et les villages l'entourant. Dans ce musée, à suivre les différentes estampes, Tareku se souvient. Il se remémore les mots de ces ancêtres, les histoires des vieux, les amours du passé.

A commencer par ce grand-père Chunosuke qui, très tôt attiré par la mer, quitta la menuiserie familiale pour le port et la découverte des baleiniers. Un marin à eau froide dit-on, là où le ballet des baleines et des rorquals danse dans les eaux d'un bleu sombre. Je te l'accorde, la baleine est majestueuse dans son environnement et Michel Régnier, entre le Canada et le Japon connait bien ce monstre des mers. Il a beau être occidental, il comprend aussi les traditions de ce pays.

Autre tableau ; Hideo, fils de Chunosuke, marcha sur les traces de son père. Lui aussi tomba amoureux de ce métier, dur et éprouvant. Chasser les baleines se mérite, s'apprend et forge le caractère. Il s'avère dangereux aussi bien pour le chasseur que pour le chassé. Mais cela n'a qu'un temps, la côte des baleiniers descend en flèche devant les politiciens outrés de l'Occident. Or, il n'y a pas si longtemps l'Angleterre ou la Norvège massacrait bien plus de baleines que l'archipel nippon. Et face à cette pression, les baleiniers sont mis au placard, remplacés par des thoniers. Et quand je vois comment se déroule la chasse à la bonite, cette pratique est tout aussi, si ce n'est encore plus, discutable.

Michel Régnier soulève un point : cette hypocrisie occidentale, qui aime si bien donner des leçons aux autres cultures. Je ne dis pas – et l'auteur ne dit pas non plus – que la chasse à la baleine est un sport indispensable à la survie de ce pays, d'un intérêt crucial pour son économie. Il constate juste qu'il est plus facile de mobiliser les occidentaux pour la survie des baleines que pour celle de migrants. Mais même si la chasse à la baleine ou aux dauphins est « culturelle » pour le Japon, même si elle ne manque pas de cruauté, la pêche au thon me le parait encore plus, avec ces immenses filets qui ramassent tout, y compris requins protégés pour lesquels on leur coupe juste les ailerons en rejetant le cadavre encore vivant…

Après ce court aparté, revenons à nos moutons, ou plus précisément nos baleines. Tareku continue de déambuler dans les galeries du musée. Nouveau tableau du Sakurajima, d'autres morts, celle d'un typhon, la nature aussi cruelle que l'homme. Et puis sa femme. Une rencontre faite dans la timidité. Et puis sa maitresse, une rencontre faite d'un regard et un sourire. Comme tous les japonais, en somme. Fin de l'exposition avec le regard des peintres sur notre monde se reflétant à travers les flancs du volcan.

Point final. Ou presque, quelques mois après, une vague devient folle. Gigantesque, monstrueuse, phénoménale. Elle rentre dans la terre chevauchant les villes, détruit tout sur son passage. Les centrales nucléaires deviennent folles également, remémorant les heures sombres d'Hiroshima. Lorsque la cruauté de la nature s'associe à l'insouciance des hommes, cela provoque une nouvelle vague de morts de disparus de déportés…
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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