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Critique de Jakob1996


Un beau livre, dur et nécessaire.

Il peut être délicat, voire dangereux, pour un auteur de se mettre en scène dans son propre livre. À fortiori quand on est un homme plutôt bourgeois, que l'on va s'emparer du sujet de la violence conjugale que l'on n'a probablement pas connu soi-même et qui touche principalement les femmes.

Eric Reinhardt (le personnage) est plutôt gentil, plein de bonne volonté, plein de belles intentions et d'empathie, pas du tout le profil d'un homme abusif.
Après avoir lu le quatrième de couverture, lire qu'il s'est mis en scène comme cela, avenant et disponible, m'a tendu et pendant une assez grande partie de la lecture, j'ai craint presque férocement que Eric Reinhardt ne finisse par faire sienne en filigranes l'insupportable phrase "Not All Men", voire qu'il en vienne à se disculper face aux événements tragiques de la vie de cette lectrice qui lui a raconté son existence.

Mais le livre est heureusement plus nuancé et profond que cela et Reinhardt a la politesse, la décence, de ne pas s'oublier parmi les responsables invisibles du destin funeste de Bénédicte Ombredanne.

C'est quand il devient véritablement acteur des événements en allant parler à la soeur de Bénédicte dans une séquence proprement bouleversante que le livre prend son envol, devenant tour à tour douloureux, touchant et propre à critiquer et analyser nos petites révoltes ternes face aux drames familiaux que l'on sait mais que l'on considère avec lâcheté et mollesse comme des drames exclusivement privés.
Mieux, il n'est plus le sujet, l'homme n'est plus le sujet, son regard d'homme ou d'auteur n'est plus un sujet.
Le sujet maintenant, c'est elle.
Et elle, c'est une tempête de vie domestiquée par un dieu plaintif et victimaire, manipulateur et pervers, une des pires natures humaines de la littérature, son mari.

La dernière page lue, le livre refermé, il reste l'immense colère ressentie pour ce monstre, ce tueur lent qui ne la laissera jamais en paix tant qu'elle vivra et même après, la soif de justice pour Bénédicte Ombredanne et le sentiment d'extrême urgence que notre société (c'est-à-dire chacun.e de nous) s'empare toujours plus sérieusement du sujet des violences intra-familiales.
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