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Critique de Romileon


Voici un livre incroyable, inclassable.
C'est en quelque sorte, une histoire de l'humanité traitée en 170 pages. En trois dates clés, 1906, 1506 et 1946, dans cet ordre, Bruno Remaury passe de la grotte des origines, de sa verticalité, de son silence, de son obscurité aux plaines, aux routes, aux villes où règne la lumière des néons et le fracas d'aujourd'hui.
La grotte, c'est celle de Gargas, dans laquelle un archéologue amateur découvre des empreintes de mains, tendues vers le ciel. A partir de ce fait historique l'auteur déploie ses questions, ses réflexions sur ce lieu si particulier qu'est la grotte. Si c'est un lieu de culte, un refuge, c'est aussi un antre, celui du monstre, celui de l'ogre... La mine est, elle aussi, une grotte silencieuse et obscure lorsqu'elle devient un piège comme à Courrières où 1500 hommes trouveront la mort parce que la Compagnie préfére sauver les installations que les hommes.
La verticalité s'inscrit alors dans l'ordre social où chaque individu est un maillon d'une chaîne et occupe une place que certains voudraient immuable. Ainsi, Marie, bourgeoise, surmonte sa peur, son dégoût pour se "pencher" vers les miséreux parce que c'est son devoir. Elle préfère regarder la voute des Eglises.
Chaque maillon de cette chaîne, le maître du portrait August Sanders va s'efforcer de l'immortaliser en photographiant patissier, banquier, artistes, bûcheron, pharmacien...
Le 2ème tableau nous transporte en 1506 auprès de Léonard de Vinci qui lui aussi s'intéresse aux grottes mais surtout à l'eau. L'eau justement, l'Atlantique qu'a traversé Colomb qui meurt justement cette même année..
Cet évènement est majeur ; page 101 "Ca y est, à présent que la terre est étirée aux quatre coins de la planète liquide, tout est prêt pour que l'homme puisse de tous côtés se tourner et qu'il ne soit plus, par la paume, au centre de la pierre, attaché."
On voit que chaque personnage qu'il soit illustre ou obscur permet à Bruno Remaury soit de rebondir vers le lien suivant, soit d'illustrer son propos : Quelle place les hommes occupent-ils dans l'ordre du monde ? Quelle conscience en ont-ils ?
Le 3ème tableau nous mène à aujourd'hui, au modèle occidental et plus particulièrement américain qui se répand sur la planète. En 1946, Harry est démobilisé. Il est fier de son pays et de ce qu'il représente "une nation d'égaux". Il est fier car il a vu l'admiration, la convoitise dans le regard de populations qui découvrent l'American way of life à la libération. le modèle américain culturel, politique, économique se propage où chacun espère "avoir sa place", là, quelque part...
Ai je bien compris le projet de l'auteur ? Je n'en suis pas certaine.
Je relirai dans quelque temps "Le monde horizontal". Je suis quasi certaine que j'y trouverai autre chose tant ce livre est riche et même sous une apparence simple, érudit.
J'espère de pas avoir donné l'impression que le texte est décousu, qu'il passe du coq à l'âne car ce n'est le cas du tout. L'écriture est fluide, les idées s'enchaînent avec beaucoup de naturel. Un plaisir.
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