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Critique de ODP31


Perdu de vue.
Durant la première guerre mondiale, un poilu devient aveugle au front. Il se retrouve cobaye d'un scientifique, le docteur Procope, forcément fou et allemand, qui remplace les yeux du soldat par des électropodes. Quézaco ?
Grâce à des sortes de détecteurs, ancêtres de nos compteurs Linky placés en orbite, ou plutôt dans ses orbites, l'homme peut observer les flux électriques des personnes, des animaux, de la nature, des astres et de la science. Un homme au courant, quoi. Ou au jus. Pas très efficace pour mater sous les jupes des filles ou pour bouquiner, mais le gazier est capable de renifler les énergies renouvelables. Pas si fossile quand même.
Ce don, pratique pour un agent EDF et les têtes d'ampoule, s'avère une malédiction car il y a un peu trop d'électricité dans l'air. Il a mangé de l'ion.
Le soldat s'évade de sa clinique grâce à son don dis donc et rentre chez lui, un peu terrifié. Revenu incognito et un peu après la guerre, il n'a pas le regard qui tue mais il apprend que son nom avait été déjà gravé sur le monument aux morts de son village. Son retour miraculeux est fêté, ce qui prouve que l'homme peut boire sans finir électrocuité, mais son regard révolver intrigue le docteur Bare, médecin et ami de la famille. Et si la fée électricité était une sorcière ?
L'homme truqué devient traqué.
Cette sympathique histoire a été publié de 1921 et elle est l'oeuvre de Maurice Renard, le père fondateur d'un genre littéraire, le « merveilleux-scientifique », oxymore de nos jours et prélude de la science-fiction à l'époque.
L'ambition de Maurice Renard était de lancer la science dans l'imaginaire pour envisager l'avenir. La découverte du radium et des rayons X avaient fait chauffer les neurones des auteurs et électrons libres du début du 20 ème siècle. L'écrivain renia dans son manifeste l'héritage de Verne, désireux de mélanger le connu et l'inconnu. Je ne suis pas convaincu de la rupture.
Ce roman défriche à la suite de Mary Shelley la question du transhumanisme. L'anti- héros rejoint la galerie des illustres aïeux de nos personnages de comics en tenues slim fit moulantes, les muscles en moins, la psychologie en plus.
Ce récit au format court et au cadre narratif inversé, où l'épilogue introduit l'histoire, a forcément un petit côté suranné mais cela fait tout son charme. Il ne manque pas d'intrigues et de questionnements sur les traumatismes de la guerre et le progrès. Il y a un petit côté Blake et Mortimer de la grande époque.
Une nouvelle pépite publiée chez l'Arbre Vengeur, maison spécialisée dans le singulier et la redécouverte de trésors cachés.
A lire peut-être dans l'obscurité : les mots phosporent…
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