![]() |
Mary Shelley
Aucun homme ne choisit le mal pour le mal, il le confond seulement avec le bonheur, le bien qu'il cherche.
|
Le 30 juillet 1998, l'émission Une vie, une oeuvre, diffusée tous les samedis sur les ondes de France Culture, était consacrée à l'évocation de la romancière britannique, Mary Shelley. Un documentaire de Françoise Estèbe. Réalisation : Laurence Millet. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. Pour le grand public, Mary Shelley est essentiellement la créatrice de Frankenstein - elle avait alors dix-huit ans - ce roman mythique du Prométhée moderne annonciateur des manipulations génétiques d'aujourd'hui. Portrait : Mary Shelley, par Richard Rothwell, 1840. Son oeuvre majeure a marqué durablement notre imaginaire. Le monstre a échappé à son créateur et, malgré celui-ci, s'est reproduit et métamorphosé en de multiples images. Mary Shelley, c'est aussi cet écrivain submergé par sa biographie, identifiée trop longtemps à un personnage romanesque, à une vie accidentée, marquée par la mort, la perte et le scandale : sa fuite - elle a tout juste dix-sept ans - avec le poète Percy Bysshe Shelley, qui deviendra son mari, leur périple extravagant à travers l'Europe, leur vie marginale, quelque peu sulfureuse, marquée par leur amitié avec Byron et son médecin Polidori, la mort tragique de Shelley en 1822. Mais Mary Shelley ne fut-elle l'auteur que d'un seul livre ? Connaît-on la femme d'une grande culture, auteur de sept romans, de récits de voyage, de deux pièces de théâtre, de biographies d'hommes illustres français, italiens, espagnols ; oscillant entre le monstrueux, thème gothique récurrent dans son oeuvre et l'aspiration au sacré ? Au cours de certains entretiens, à notre grande surprise, les passions se réveillent autour de la femme écrivain controversée que fut Mary Shelley. Elle est cette femme captivante, féministe, indépendante, à l'image des désirs et des revendications de sa mère Mary Wollstonecraft, auteur de la Déclaration des Droits de la femme en 1792, et de son père William Godwin, le penseur social et utopiste anglais. Elle est aussi cet écrivain contesté, cette femme rebelle que l'on veut effacer, elle qui ne signa pas la première édition de Frankenstein et autour de laquelle persistent les malentendus un siècle et demi après sa mort. Avec : Liliane Abensour, traductrice de L'Endeuillée (José Corti). Cathy Bernheim, auteur de la biographie de Mary Shelley, La jeune fille et le monstre. Nicole Berry, psychanalyste, traductrice de Valperga, de Mary Shelley, auteur de Mary Shelley, du monstre au sublime (L'Âge d'homme). Gilles Menegaldo, auteur de Frankenstein (Autrement). Jean de Palacio, auteur de Mary Shelley dans son oeuvre (Klincksieck). François Rivière, auteur de Blasphème (Editions du Masque). Pierre Thuillier, philosophe et historien des sciences. Thèmes : Grands Classiques| Littérature Etrangère| Littérature Gothique| Mary Shelley| Frankenstein Source : France Culture
![]() |
Mary Shelley
Aucun homme ne choisit le mal pour le mal, il le confond seulement avec le bonheur, le bien qu'il cherche.
|
![]() |
Frankenstein ou Le Prométhée moderne de Mary Shelley
Oh ! Vous, les étoiles, et les nuages, et la brise, que vous importent mes tourments ? Si vous avez vraiment pitié de moi, débarrassez-moi de mes souvenirs, de ma sensibilité, et laissez-moi sombrer dans le néant. Sinon, écartez-vous de moi, et laissez-moi seul dans mes ténèbres.
|
![]() |
Frankenstein ou Le Prométhée moderne de Mary Shelley
Les travaux des hommes de génie, même poursuivis dans de fausses directions, ne manquent presque jamais de se révéler, en fin de compte, nettement bénéfique au genre humain.
|
![]() |
Frankenstein ou Le Prométhée moderne de Mary Shelley
Apprenez donc, sinon par mes préceptes, du moins par mon exemple, combien il est redoutable d'acquérir certaines connaissances, et combien plus heureux que l'homme qui aspire à devenir plus grand que sa nature ne l'y destine, est celui qui s'imagine que sa ville natale est le pivot de l'univers.
|
![]() |
Frankenstein ou Le Prométhée moderne de Mary Shelley
Elle mourut paisiblement, conservant sur ses traits éteints l'image de la tendresse. Je n'ai pas besoin de décrire les sentiments de ceux dont les liens les plus chers sont ainsi rompus, la douleur qui s'empare des âmes, le désespoir qui marque les visages. Il faut du temps avant de se rendre compte que l'être aimé que l'on voyait chaque jour près de soi n'existe plus, surtout lorsque sa vie même semblait être une partie de la nôtre, que l'éclat des yeux qu'on a admirés s'est évanoui pour toujours et qu'une voix familière et douce ne vibre plus à nos oreilles. C'est à quoi l'on pense les premiers jours mais quand le temps prouve la réalité du malheur, s'installe l'amertume du chagrin subi. À qui la main effroyable de la mort n'a-t-elle pas enlevé un être cher ? Pourquoi devrais-je décrire une peine que tout le monde a ressentie ou devra ressentir ?
|
![]() |
Frankenstein ou Le Prométhée moderne de Mary Shelley
Ne pas connaitre l'amitié est la pire des infortunes.
|
![]() |
Frankenstein ou Le Prométhée moderne de Mary Shelley
Tout ce nouveau savoir m'inspirait des sentiments bizarres. L'humain pouvait-il être si puissant, si magnifique, et à la fois si mauvais, si vil? Se montrer grand, noble, sensible, mais également plein d'abjection et de bassesse?
|
![]() |
Frankenstein ou Le Prométhée moderne de Mary Shelley
Un être humain qui veut se perfectionner doit toujours rester lucide et serein, sans donner l'occasion à une passion ou à un désir momentané de troubler sa quiétude. Je ne pense pas que la poursuite du savoir constitue une exception à cette règle. Si l'étude à laquelle vous vous appliquez a tendance à mettre en péril vos sentiments et votre goût des plaisirs simples, c'est que cette étude est certainement méprisable, c'est-à-dire, impropre à la nature humaine. Si cette règle avait toujours été observée, si les hommes renonçaient à toute tâche qui serait de nature à compromettre la tranquillité de leurs affections familiales, la Grèce n'aurait pas été asservie, César aurait épargné son pays, l'Amérique aurait été découverte par petites étapes, sans que fussent anéantis les empires du Mexique et du Pérou. |
![]() |
Frankenstein ou Le Prométhée moderne de Mary Shelley
Ah ! Que les sentiments des humains sont variables ! Et combien étrange est cet attachement que nous portons à l'existence ! Même si elle ne nous dispense que peines et chagrins !
|
![]() |
Frankenstein ou Le Prométhée moderne de Mary Shelley
J'entrevoyais encore d'autres possibilités. Provoquer l'apparition de fantômes et de démons était une chose que mes auteurs favoris disaient tout à fait réalisable. Évidemment mes incantations demeuraient sans effets, mais j'attribuais mes échecs plutôt à des erreurs dues à mon inexpérience qu'à un manque de savoir-faire ou à une carence dans les théories de mes éducateurs.
|
Qui est l'auteur