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Critique de CaptainFurax


Ce livre -ou plutôt le message qu’on peut en déduire- est dangereux. Il contient un éclat de rire ravageur qui détruit tout. Un éclat de rire sans éclat qui éclate tout.
Il ne propose rien. Aucune alternative pour nous libérer de quoi que ce soit. Aucune guérison, aucun remède. Rien. Rien à supporter, rien à aider, rien à attendre. Rien. Rien à faire ( surtout pas s’obliger à "ne rien faire" ce qui ne serait qu'une absurdité), et rien à ne pas faire. Aucune issue en somme. Aucun échappatoire au calvaire d’exister.
Il ne dit rien. A la fin, la somme de tous les mots est zéro.
L’existence est pénurie. Il y a toujours un manque quelconque de quelque chose associé à la sensation de vivre. Aussi subtile, plaisante et extatique soit-elle, la sensation d’être est par nature intolérable. « Être en vie », « se sentir vivant », c’est insupportable. Même dans la joie la plus intense ce manque est là. La passion elle-même sait qu’elle ne dure pas. Comme la douleur. Tout à une fin. En tant qu’ « êtres vivants » nous sommes inconsolables. Et c’est très bien comme ça…
Qu’il soit vécu, expérimenté dans la déprime ou la joie, dans l’optimisme ou le pessimisme, ou dans n’importe quel état intermédiaire, le calvaire d’exister est toujours là. Inséparablement chevillé à la sensation d’exister. Insatisfaction sourde omniprésente jusqu’au cœur de la satisfaction la plus spectaculaire et évidente. Démangeaison inextinguible de chaque instant –heureux ou malheureux. Que notre existence nous semble belle et pleine de sens ou moche et insensée, c’est du pareil au même. Idem.
La vie est hors-sens. Hors sujet. Hors sujet qui donne du sens ou du non-sens à l’existence. Sens et non-sens, c’est du pareil au même. La vie se fout de cela. Et c’est là que le Vivant –ce que nous sommes- rit aux éclats. Dans ce hors sens qui rigole de tous les sens et les non-sens qui ne sont que geôles. « Heureux est celui qui se rit de lui-même car il n’a pas fini de rigoler ».
Autodérision suprême. La vie que nous sommes se fout de tout. De toutes nos expériences, de tous nos états. De tous nos éclats (celui-ci compris, bien sûr).

Ce livre chatouille, titille la racine de l’humour. Cet humour -ce rire- a quelque chose d’insupportable tellement il est profond ; mais quelque chose me dit que seule l’insoutenable force de ce rire surpuissant (sans personne qui rigole) peut nous guérir (nous : guerre-rire), peut dissoudre irrémédiablement la guerre qui fait rage en nous. Cette rage qu’en tant qu’illusoires « moi » nous sommes… Que cette rage pleure ou rit, elle n’en est pas moins rage, et elle ne peut pas durer éternellement. Sans rire -sans effort pour rire- rions! Soyons Rire, éternellement !!...
Personne -aucun abruti tel que "moi"- ne s'est jamais ri de qui que ce soit; rien ni personne n'existe séparément ou non-séparément donc point de dérision ou d'autodérision. Cela rit et rayonne de son absence. C’est cela qui est parfait...
Bref ce livre est parfait parce que c'est moi qui l'ai écrit. Comme tous les autres livres d'ailleurs. Comme tous les autres livres il a été écrit, imprimé, publié lu et critiqué par cela -ce que je suis- qui jamais n'écrit, n'imprime, ne publie, ne lit, ni ne critique... ! ;)
Rien ni personne n'a jamais rit. Sans rire!

"Tu es dans un asile de fous, tralala... si tu n'y es pas, tu y es quand même, tralala!" John Th. Perceval ("Cela" pour les intimes).
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