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Critique de Christels


Petit roman déroutant à l'impact très fort.

Deux frères, le Grand et le Petit, sont au fond d'un puits. On ne sait ni pourquoi ni comment ils se sont retrouvés dans cette situation. Ils vont y rester très longtemps, s'appliquant à survivre pour pouvoir sortir de ce trou.

L'histoire est sombre et déconcertante :

Sombre car le sort insupportable de ces deux enfants est constitué de souffrances et de peurs. La faim les creuse, la soif les assèche, les intempéries les assaillent, le désespoir les envahit, la folie les guette …
La mort les imprègne, lente et douloureuse, qui les affaiblit progressivement jusqu'à ne plus leur laisser qu'un corps étique habité d'un espoir infime pour lequel le Grand se bat jusqu'à son dernier souffle de vie.

Déconcertante car le récit est énigmatique et ambigu. Par différents aspects, il s'apparente à un conte. Non située dans le temps, l'action concerne des enfants «perdus», isolés au coeur d'une forêt peuplée de loups, observés par un « ogre », cette même « créature néfaste » qui est à l'origine de leur calvaire.

Les épreuves renforcent et délitent tour à tour l'attachement que se portent les deux frères. L'auteur décrit leurs sentiments, leurs réactions, et leurs natures si différentes l'une de l'autre.

L'amour, le rejet, l'admiration, l'agacement, l'incompréhension, la pudeur, la colère... alternent.

Les attitudes protectrices ou agressives, les révoltes et les alliances... se succèdent.

Chacun possède son propre univers.
Le Grand est fort, il s'attache à la réalité, dont il va extraire tout ce qui peut l'être. Et cette réalité se réduit concrètement à trois choses : lui-même, son frère et le puits (qui est quasiment présenté comme un organisme vivant).
Le Petit est faible, il se réfugie dans un imaginaire peuplé de rêves et de cauchemars, de poésie et de folie. Il introduit cependant dans le puits un peu de lumière et de rire.

L'issue est d'une grande cohérence.
Les symboles et analogies utilisées par l'auteur provoquent néanmoins chez le lecteur un grand nombre d'interrogations.

La fratrie représente-t-elle ici l'humanité? En intégrant les différences de chacun dans une large fraternité, les humains parviendraient-ils à sortir du trou dans lequel ils sont embourbés, à renaître plus libres? Qu'est-ce donc qui fait l'homme et qu'il faut absolument effacer car c'est cela qui le précipite au fond du puits ?

Ce conte cruel et onirique garde une part de son mystère, dont les réponses sont encore au fond du puits.
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