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Critique de Zephirine


Bien qu'un meurtre soit commis chez les voisins, ne vous y trompez pas, ce roman est aux antipodes du polar.
On retrouve dans Babylone les thèmes de prédilection de Yasmina Reza, à savoir l'approche sociologique des bobos, de leurs couples et leurs problèmes existentiels. Par le biais de dialogues qui font mouche, elle nous livre un récit drôle et mordant.
Élisabeth, la narratrice nous raconte des fragments de sa vie, des anecdotes de son enfance. Elle revient sur la mort de sa mère et tous les souvenirs de son enfance qui remontent, comme ce casse-noix fabriqué par ses soins et retrouvé alors qu'elle vide l'appartement maternel. Elle campe avec une pointe d'ironie les gens qui forment son entourage, famille, voisins, collègues., tous ces gens qui se retrouvent chez elle pour une fête de printemps, prétexte à un cocktail de bobos satisfaits et prétentieux. Parmi eux, les voisins du dessus, Jean-Lino et Lydie. Jean-Lino, qui a peur de prendre l'ascenseur, a une tendresse béate pour son chat Eduardo auquel il ne s'adresse qu'en italien. Thérapeute new âge et chanteuse occasionnelle, Lydie porte des tenues excentriques et colorées et ne jure que par le poulet bio et qui peut s'ébattre librement avant d'être mangé. Bien que défenseuse des droits des animaux, elle déteste le chat Eduardo qui le lui rend bien. Lorsque Jean-Lino, pour faire rire la galerie, raconte le jour où, au restaurant, sa femme a demandé au serveur « si le poulet s'était promené dans la basse-cour, s'il avait voleté, et s'était perché dans les arbres », Lydie n'a plus ouvert la bouche de la soirée. Cette mauvaise plaisanterie va les mener au drame.
Tout va s'enchainer de façon drolatique et tragique et Élisabeth va se trouver mêlée au drame.
L'histoire est prétexte à parler de nos problèmes existentiels, de nos frustrations, nos petites lâchetés. Malgré les personnages nombreux qui traversent ce roman, on croise la solitude profonde de leurs vies et la quête éperdue de l'amour.
Le titre vient d'une remarque de Jean-Lino lorsqu'il évoque le livre des Psaumes et le passage sur l'exil des juifs vers Babylone. Ce récit fait écho à nos propres vies faites d'exclusion, de solitude et de confrontation à la mort, celle des autres et la nôtre. Et puis survient l'irrémédiable sans que nous en soyons avertis, et ce peut être déstabilisant.
Un roman plus profond qu'il n'en a l'air et qui cache, derrière sa comédie de moeurs, une fine analyse psychologique.
J'ai toujours plaisir à retrouver l'écriture de Yasmina Reza à travers ses romans et ses pièces de théâtre.
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