AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ErnestLONDON


Dans le silence d'un musée, un tableau s'anime. le personnage féminin central, interpelé par un peintre d'aujourd'hui, prend alors la parole et débute entre eux une longue conversation. Car, Artemisia Gentileschi, artiste de la Renaissance à qui l'on doit cette version particulièrement crue de la décapitation d'Holopherne par Judith, s'est représentée elle-même sous les traits de celle qui tient le glaive sanglant, pour se venger de celui qui l'a violé, lui donnant son vrai visage.
Elle explique vouloir s'exprimer au nom de toutes « les femmes de l'infinie lignée des violentées », de celles que les mythologies mettent en scène pour être la proie de Dieux descendus de l'Olympe ou du Ciel, telle « la sainte Marie […], restée vierge malgré l'épée de chair divine, et donc sanctifiée pour cela ». Elle dénonce leur condition commune de potentielles victimes : « Que La Femme soit en permanente conscience que votre main masculine peut à tout moment soulever par-derrière cette pudique et trop souple barrière ! Cette conscience, imposée à toutes les femmes et de tout les temps, ne les a jamais quittées, à aucun moment… Bien qu'apparemment couvertes il a toujours fallu qu'elles se sachent constamment offertes… » La discrimination est constante et à tous niveaux : « Et oui, il y a le sang honteux des femmes… Et le sang noble des hommes ! »
Elle dénonce les « tendresses » de son père, l'ignominie de l'élève de celui-ci à qui il la « prêta », la fourberie de son oncle qui l'accusa de lui avoir fait des avances depuis le berceau.

Son interlocuteur n'a de cesse d'apaiser sa colère, de l'assurer que tout a changé désormais, « en ce siècle de [son] futur », de l'inviter à descendre de son tableau pour « mettre le pied sur la terre promise de notre repentir ». Mais il accompagne chacune de ses flatteries, de tentatives d'approches et d'esquisses de caresses, preuves de sa duplicité et que rien ne changera jamais : « Jeunes ou vieux, tous les hommes sont fourbes, forcément, avec nous autres qui ne sommes rien d'autre que des femmes pour eux, des femmes et rien que des femmes. »

À lire à haute voix, pour apprécier pleinement la beauté de la langue.

Article à retrouver sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451 :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}